Narratives

periferias 3 | expériences alternatives

photo: Andrew Mcconell

Gaza Surf Club

Pour le droit de surfer pleinement

Ibrahim Arafat

| Palestine |

traduit par Déborah Spatz

Les conditions auxquelles les palestiniens et les palestiniennes sont soumis dans la Bande de Gaza sont extrêmement difficiles. Il n’y a pas assez de travail, d’électricité, ni d’eau potable dans une zone habitée par plus de deux millions de personnes, dont la densité de population est la plus importante au monde. Comme si cela ne suffisait pas, à cause de tout le blocage et l’occupation imposée par Israël depuis 2006, nous ne sommes pas libres de circuler et encore moins de sortir de la Bande de Gaza.

La privation d’opportunité est si importante, qu’en dehors de Gaza, on entend pas parler des indénombrables jeunes, talentueux et instruits de la Bande de Gaza, ainsi que des nombreux athlètes et artistes. Et c’est exactement le cas du Surf, le sport est présent à Gaza depuis les années 1990. Située sur la cote est de la mer Méditerranée, avec 40 km de bande littorale, Gaza possède un port pratiquement inutilisé, avec des activités de pêche et de navigation très restreintes. Cependant, les vagues de la mer, plus fréquentes et plus fortes durant l’hiver et l’été, continuent de nous appartenir.

Ce qui se passe, pour nous, avec le surf, c’est qu’Israël nous nie le droit de surfer pleinement. Comme nous n’avons pas les équipements nécessaires pour fabriquer des planches de surf à Gaza, la solution serait de les importer, si ce n’était l’interdiction catégorique d’Israël prétextant des raisons de sécurité. Comme si restreindre la pratique du surf et l’importation de ses équipements n’étaient pas suffisantes, la restriction s’étant aux équipements, même à ceux de natations, à ceux d’hiver y compris, dont l’importation à Gaza continue interdite.

Nous ne comprenons honnêtement pas, quelles raisons de sécurité justifieraient de priver la jeunesse de Gaza de planches de surf faites en fibre de verre et dans quelle mesure surfer peut représenter une menace à la sécurité de l’État.


 

Le Gaza Surf Club résiste justement à cette autre privation israélienne. Il y a plus de dix ans, nous tentons de nous organiser en tant que communauté de surf de Gaza qui stimule et unit des efforts pour consolider et développer le surf pour les palestiniens et les palestiniennes de Gaza, affirmant ainsi, que nous avons le droit, au sport et au loisir, d’ailleurs – droit de base de n’importe quel citoyen. Malgré les rigides sanctions israéliennes, nous avons déjà réussi à importer quelques dizaines de planches, nous avons réussi à nous organiser collectivement et principalement, nous résistons toujours plus, avec la conscience que le surf est une pratique émancipatrice pour Gaza.

Malgré l’immense difficulté que représente la sortie de Gaza, j’ai réussi à voyager à Hawaï et l’une des idées que j’avais était d’apprendre à produire, conserver et commercialiser des planches, de créer une école de surf et de construire un espace dédié au surf à Gaza,  pouvant également rencontrer des surfeurs hawaïens qui s’engageraient à soutenir notre Club de Surf, comme par exemple, la surfeuse Carissa Moore et le fabricant de planches et d’équipements de surf Hurley. On pourrait, pourtant, entraîner une génération de surfeurs compétiteurs/compétitrices dans des tournois internationaux

L’ensemble m’a rendu très heureux et toujours plus motivé à consolider le Club de Surf. Nous avons également cherché plusieurs organisations des Droits de l’Homme pour nous aider avec les problèmes liés à l’importation des planches. Néanmoins, même sans, n’avoir toujours pas, obtenu les permissions israéliennes pour l’envoi des planches à Gaza, puisqu’Israël est incapable de reconnaître nos droits les plus élémentaires, nous continuons d’essayer et de résister. Le principal élément, pour consolider le club de Gaza, étant les planches, même si elles sont peu nombreuses et ne dépassent, à l’heure actuelle, pas les 25, offertes pas Mathew Olson de l’organisation Explore Corps.

Nous continuerons de chercher des opportunités pour construire le Gaza Surf Club, car, malgré tout, le surf est un sport populaire à Gaza. Il y a, ici, beaucoup de jeunes et d’enfants qui veulent apprendre à surfer. Le jour où nous le ferons, ça arrivera – si ce n’est aujourd’hui, ça sera demain – sans que les efforts ne cessent.

Si tout ce qui a lieu à l’encontre de Gaza et de sa population palestinienne, comme déjà dit plus haut, trouve du soutien dans l’oppression Sioniste d’Israël, qui a pour objectif d’effacer, d’ailleurs, la puissance créative de la jeunesse palestinienne, pour montrer de cette manière, à l’occident, que – les palestiniennes et la jeunesse palestinienne sont des terroristes, des personnes hostiles qui détestent la vie, qui vivent en guerre et qui ne désirent pas la paix – notre contre-argument est que : si, nous sommes des jeunes qui aimons la vie, mais nous ne voulons pas la vie faite d’humiliations successives puisque nous voulons simplement vivre comme on vit ailleurs. Nous n’avons pas non plus besoin de débattre sur ce qu’est la paix voulue par Israël, puisque les guerres successives lancées contre la Bande de Gaza  - parlent d’elles-mêmes.


Gaza Surf Club est devenu un film documentaire réalisé par Philip Gnat et Mickey Yamine. Il a été lancé en 2017 en Allemagne, avec comme acteurs principaux Ibrahim Arafat, Youssef Abu Ghanen, Sabah Abu Ghanem, Ali Erheem, Mathew Olsen, Moody Alryashi, Rajab Abu Ghanem, Ahmed Abu Hassira et Mohammad Abu Jayab.

Originel en Arabe
Traduit du Portuguais

Ibrahim N Arafat | Palestina |

Contacte : instagram @ibrahimnihad

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