littérature

periferias 7 | désincarcérer l’emprisonnement

Les fictions et les futurs de la justice transformative 

Une conversation sur l'abolitionnisme, la science-fiction et les systèmes de justice alternative

adrienne maree brown | Alexis Pauline Gumbs | Leah Lakshmi | Mia Mingus | Walidah Imarisha

| États Unis |

septembre 2022

traduit par Déborah Spatz

publié par The New Inquiry

Octavias brood : Science Fiction Stories From Social Justice Movements1AK Press, 2015. est une collection de 20 histoires courtes et deux essais écrits par des organisatrices, des militantes et des actrices du changement. Enraciné dans la prémisse que “toute organisation est de la science fiction,” Octavia’s Brood croit également que nos mouvements pour la justice ont un besoin vital d’espace à partir du moment où nous posons la questions “Dans quel monde voulons nous vivre ?” au lieu de commencer par la question, “Qu’est-ce qu’un victoire réaliste ?” Il n’existe aucun lieu plus pertinent et nécessaire que les prisons et les alternatives à l’incarcération. Cette table ronde réunit les deux co-éditrices et les trois écrivaines d’Octavia’s Brood pour parler de leur expérience à propos de l’abolition de la prison, de la science-fiction et de la justice transformative. 

Walidah Imarisha: Quelle est votre définition de l’abolition ? Qu’est-ce que la justice transformative ? Signifient-elles la même chose ? 

adrienne maree brown: J’ai tendance à penser que l’abolition est l’un des résultats de la justice transformative : l’abolition, c’est la fin des prisons ; la justice transformative, c’est la méthode que les personnes utilisent pour déraciner les schémas d’injustice dans les communautés. J’ai tendance à considérer l’abolition comme un tout et je pense que ça peut être délicat. Les gens ont pris la décision d’abolir l’esclavage et en on a fini avec le complexe industriel d’incarcération parce qu’alors qu’il y a eu des changements en surface et politiques, la culture n’a pas changé. Ce racisme et ce classicisme profonds et sous-jacents continuent et refont surface maintenant, pendant que nous écrivons cela. Ainsi, alors que je m’identifie en tant qu’abolitionniste, je trouve que parler de travail itératif tangible de TJ a plus de sens pour moi maintenant — je ne veux pas simplement que les prisons disparaissent, je veux qu’une façon radicalement différente d’interagir les uns avec les autres naisse. 

Alexis Pauline Gumbs:  J’ai connu ces deux termes dans le contexte de l’organisation Critical Resistance, et j’ai compris le mot abolition en tant que terme critique et génératif, et un mouvement avec trois principales composantes : démanteler, changer et construire. Cette définition de l’abolition incluait le travail quotidien consistant à générer des relations, des systèmes et des processus qui produisent des résultats pacifiques et durables qui répondent pleinement aux peurs non traitées, aux traumatismes intergénérationnels et à la violence systémique que les prisons, la polices et la surveillance (la version externe systémique et les versions intériorisées) prétendent atténuer. 

Je pense que ce qu’adrienne est en train de dire à propos de l’abolition de l’esclavage est important et c’est en fait, ce qui m’attire vers l’abolition en tant que terme poétique. Cela invoque automatiquement l’esclavage — et la philosophie ainsi que la pratique de l’abolition ciblent les pratiques asservissantes en général, et soulignent le fait que la prison et la police sont des pratiques asservissantes qui sont directement liées à l’histoire de l’esclavage des personnes aux États-Unis. 

Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha: Ma définition standard de la justice transformative, c’est “toute manière de créer la sécurité, la justice et la guérison pour les survivants de violence qui ne dépendent pas de l’État (j’entends par là les complexes industriels d’incarcération, le système criminel légal, les familles d’accueil, l’aide à l’enfance, les complexes industriels d’incarcération psychiatrique et pour des personnes handicapées, par exemple, les hôpitaux psychiatriques, les maisons de retraites et de soins prolongées, l’immigration, l'agence nationale américaine de sécurité dans les transports, et plus encore). Un mouvement créé par les révolutionnaires féministes Noires, Autochtones et de couleurs pour libérer le peuple.” 

Il est vraiment important pour moi de déclarer que la justice transformative est un mouvement féministe Noir et Non-blanc parce qu’il y a eu des tonnes d’efforts récents de la part des blancs radicaux pour blanchir et effacer le travail, l’éducation et la lutte féministe Noire et Non-blanche qui crée ces mouvements. Je ne parle pas seulement du mouvement de justice transformative des 20 dernières années en Amérique du Nord ; je parle de la loi du Clan de Mère Mohawk ou des Six Nations, des femmes trans de non-blanches travailleuses du sexe, comme Miss Major, Sylvia P. Rivera, Mirha-Soleil Ross, qui se sont battues contra la police à Stonewall et qui ont riposté physiquement contre la violence transphobe dans la rue. Ce travail que nous faisons n’est pas nouveau, les punks blancs n’ont pas tout inventé. 

Je crois qu’on ne peut pas avoir une justice transformative sans abolition de la prison. Lorsqu’on pense que les prisons, les policiers, les institutions carcérales sont réparables en leur donnant un atelier de sensibilité, on n’a pas la même vision politique de ce que nous voulons et comment y parvenir. Penser cela signifie qu’on ne regarde pas comment ce qu’on vit, avec la police et les prisons en Amérique du Nord, vient directement de la Fugitive Slave Act, de l’Indian Act, de la Mann Act et de plusieurs lois anti-asiatiques et anti-migrants/réfugiés du S-COMM à la White Canada and the Chinese Exclusion Act - ainsi que des lois capacitives comme les Ugly Laws et les lois qui criminalisent l’emploi des travailleuses du sexe. Toutes ces lois ont été directement créées à partir d’un patriarcat raciste, colonialiste et capacitiste et elles augmentent directement toute la violence de genre et de la police. 

Pour de nombreuses personnes, la justice transformative signifie la non-violence. Je ne suis pas d’accord avec cela parce que je crois à l’autodéfense et les mouvements armés de libération peuvent faire partie de la réalisation de la justice transformative. 

Mia Mingus: Pour moi, les deux sont intimement liées, mais elles ne sont pas la même chose. L’abolition, c’est la fin des prisons, des complexes industriels et de la culture de la prison (par exemple, la criminalisation, la punition, le jetable, la revanche). La justice transformative est une manière de répondre à la violence dans nos communautés de manière 1) à ne pas créer plus de mal et de violence et 2) à travailler activement pour cultiver les choses qui, nous le savons préviendront la violence, comme la responsabilité, le guérison, la confiance, la connexion et la sécurité. 

Je comprends que l’abolition est une part nécessaire de la justice transformative parce que les prisons, et les complexes industriels d’incarcération, sont des lieux majeurs de violence, d’abus et de traumatismes individuels et collectifs. Mais la justice transformative est et doit aussi être un élément essentiel du travail d’abolition parce que nous devrons trouver des alternatives à la manière dont on doit répondre au mal, à la violence et aux abus. Ce n’est pas parce que nous en finissons avec les prisons que cela va s’arrêter. La justice transformatrice puise ses racines dans le travail d’abolition et c’est un cadre abolitionniste, mais il va au-delà de l’abolition des prisons (et de l’esclavage) et nous interroge sur la fin et la transformation des conditions qui perpétuent les cycles de violence générationnelles comme le viol, les agressions sexuelles, la maltraitance des enfants, les abus sexuels des enfants, la violence domestique, la violence conjugale, la guerre, le génocide, la pauvreté, la traite des êtres humains, la brutalité policière, le meurtre, le harcèlement sexuel, tous les systèmes d’oppressions, les normes sociales dangereuses et les traumatismes. 

Walidah Imarisha: J’ai écrit que lorsque je parle d’abolition des prisons, les personnes me regardent comme si je venais de dire que les extraterrestres avaient atterri. Quelles connexion voyez-vous entre la science-fiction et l’abolition/la justice transformative ? Qu’est-ce qui s’illumine quand on utilise l’écriture fantastique pour parler de systèmes de justices alternatifs ? 

adrienne maree brown: Notre travail est de rendre l’inimaginable tangible, qu’il devienne un désir. J’ai travaillé avec des organisateurs pendant des années et nous avons trouvé les limites à ce que nous construisons. Dans la science-fiction et dans la fiction visionnaire, on a l’impression de se donner la permission d’aller au-delà des limites. Nous pouvons aller sur la lune où le handicap est soutenu, ou vers un futur où nous sommes somatiquement connecté — ou post capitalisme, comme l’ont fait mes collègues panélistes dans Octavia’s Brood. Au-delà de cette limite nous trouvons des solutions et plus de problèmes, ce qui est également important dans la justice transformative - elle n’est pas utopique. 

Alexis Pauline Gumbs:  Oui. Tout d’abord, je voudrais dire que la prison est un nom précis pour notre culture contemporaine, et la prison, en tant que culture suppose un certain ensemble de problèmes et renforce une réaction dominante de nos imaginaires. Sylvia Wunter parle de réservation - qui est aussi le nom exact pour notre culture contemporaine - ce qui signifie qu’au même moment, les peuples autochtones sont confinés dans des réserves par l’État, nos imaginaires eux aussi sont confinés. Nous tous. Et je voudrais également dire qu’aux moments où les prisons sont devenues une caractéristiques dominantes des États-Unis, nos imaginaires (pour tous, pas seulement de ceux qui sont emprisonnés de manière disproportionnée) se sont également emprisonnés. La manière dont on imagine le travail, nos relations, le futur, la famille, tout, est emprisonné. 

Je vois la science-fiction comme un travail de libération qui permet à nos imaginaires de vivre au-delà de la prison. Je pense que c’est pour ça que de nombreuses personnes ont adoré Octavia’s Brood et ont créé leur propre collection de science-fiction. Ils ont depuis longtemps envie d’écrire leur chemin au-delà de la prison.  

adrienne maree brown: Nous perpétuons l’état carcéral pour de nombreuses raisons ; nous internalisons la narrative qui dit que nous ne pouvons pas faire mieux que cela et nous finissons par nous sentir à l’aise dans les limites, exigeant que quelqu’un d’autre effectue les changements. La justice transformative est difficile parce qu’elle exige un examen de soi, se sentant mal à l’aise quand les choses changent. 

Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha: Lorsque j’étais une adolescente, survivante d’abus sexuels dans l’enfance et de violences conjugales au sein de ma famille, quelques uns des premiers lieux qui m’ont donné de l’espoir et une vision de comment la violence et les abus pouvaient changer, était la science-fiction. J’ai lu Marge Piercy’s Woman on the Edge of Time de Ursula K, Le Guin’s The Dispossessed et Starhawk’s The Fifth Sacred Thing before avant d’avoir vingt ans et ils m’ont tous donné d’incroyables idées sur la façon dont la culture du viol pouvait changer. Dans leurs mondes, tous étaient formés à l’autodéfense et à la désescalade, et il y avait des systèmes d’expiations, de réparations et de guérison lorsque les violences avaient lieu. 

Cependant, dans la littérature grand public qui traite des survivants, il n’y avait aucune vision sur la manière dont les abus sexuels et la violence conjugales pouvaient prendre fin. La science-fiction était ce lieu de riches politiques préfiguratives de survivants qui soutenaient mes rêves de créer et de participer à des politiques anti-violence dans lesquelles mes visions et celles des autres survivants se trouvaient au centre de la création, et pas une note secondaire. 

Mia Mingus: Les visions de la justice transformative font souvent penser à de la science-fiction, pour beaucoup de personnes — un monde sans abus sexuels sur les enfants, un monde sans violence sexuelle. Nous sommes en train de construire une réalité que nous n’avons jamais vue auparavant. Nous demandons aux personnes d’assouplir leurs capacités de vision et de rêve, ce qui n’est pas facilement soutenu dans notre société. C’est particulièrement vrai pour mon travail avec le Bay Area Transformative Justice Collective (BATJC) parce que nous nous concentrons sur les abus sexuels commis sur les enfants. Tellement de personnes ne croient pas qu’ils soient possible d’y mettre fin. 

La justice transformative, c’est la créativité, l’imagination. C’est ne pas faire suivre la réponse des systèmes de statuts quo. C’est créer ce dont nous avons besoin avec ce que nous avons. Il n’y a pas de plans ou de manuels de justice transformative parce que chaque incident, chaque individu, chaque communauté aura différents besoins, nécessairement. Je dis toujours que c’est l’une des plus grandes forces et aussi l’une des plus grandes faiblesses de la Justice Transformative parce que nous vivons dans une société où les gens aiment qu’on leur disent ce qu’ils doivent faire ; ils aiment “admirer” quelqu’un ; ils se sentent plus à l’aise devant un chemin bien tracé et avec un “chef” ou un “expert” qui a toutes les réponses. Une grande partie de mon travail de justice transformative a consisté à résister à ce type de culture et au lieu de ça, encourager les personnes à croire en elles-mêmes et en leurs instincts. 

Walidah Imarisha:  Dans son article pour l’anthologie Critical Resistance Abolition Now [Résistance Critique l’Abolition Maintenant], Alexis a écrit : 

Et si l’abolition n’était pas une chose bouleversante, pas une chose fracassante, pas un boulet de démolition ? Et si l’abolition était quelque chose qui jaillissait des endroits humides de nos yeux, des endroits brisés de notre peau, des salles d’attentes de nos paumes, du tremblement de ma bouche quand je me tourne vers toi ? Et si l’abolition étaient quelque chose qui pousse ? 

Vous avez toutes les trois d’abord essayé de créer des systèmes alternatifs de justice. Si nous ne nous contentons pas de détruire les prisons et la police en tant qu’institutions, mais que nous développons quelque chose, que développons nous spécifiquement ? Mia, particulièrement dans votre travail autour de la justice transformative avec des survivants d’abus sexuels dans l’enfance, quelle graines sont en train de germer pour faire face à tant de traumatisme ? 

Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha: La justice transformative peut être un cercle pluriannuel de personnes, encadré par des survivants qui demande a une personne qui a commis des abus et porté préjudice à quelqu’un d’apporter des changements spécifiques et de leur accorder la réparation. Cela peut être aussi petit, et grand, comme d’interrompre un connard qui harcèle quelqu’un au même arrêt de bus où l’on se trouve. Je pense qu’il est important de dire cela parce qu’il est simple de se laisser submerger. Il s’avère difficile de mettre fin au complexe industriel d’incarcération et de créer quelque chose de différent sans avoir de l’argent et avec beaucoup de travail non rémunéré de femmes de couleurs. J’aime vraiment le blog Everyday Abolition blog parce que c’est un projet dédié à la publication de nouvelles quotidiennes sur les nombreuses façons dont l’abolition pourrait ressembler à la vie quotidienne — ces petits, grands moments de changements. Dans de nombreux processus de justice transformative de l’enfer dont j’ai été témoin, l’un des problèmes est que tout le monde se précipite, totalement en mode adrénaline, complètement traumatisé : “Nous devons faire quelque chose ! Tout de suite !” Et ensuite, ils s’éteignent. Intégrer les principes de la justice curative et de la justice pour les personnes handicapées dans la justice transformative — ce qui peut aller de simplement de demander aux ancêtres de l’aide pour créer la justice et transformer le mal, à des rituels pour nettoyer et demander la protection, quand les choses sont trop difficiles, et de s’assurer que les personnes ont leurs herbes et leurs autres soutiens pour le stress et l’anxiété — rendent notre justice plus riche, plus proche et plus possible. 

Mia Mingus: L’une des choses que nous essayons de développer dans notre travail, ce sont les types de relations, de valeurs et de pratiques qui peuvent concrètement soutenir la justice transformative. Nous voulons le genre de communauté dans laquelle tout survivant pourrait parler de ses expériences sans avoir peur d’avoir honte ou d’être blâmé, ostracisé, non cru, harcelé ou traumatisé encore une fois. Le genre de communauté dans laquelle les personnes qui ont fait du mal ou qui essaient d’assumer pourraient être “dénoncées” à propos du mal qu’elles ont causées. Vivre dans la culture du viol, nous en sommes très loin. Nous savons également que les “communautés” sont faites des personnes individuelles et des relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres ; nous demandons donc aux personnes qu’elles développent leurs propres compétences et pratiques pour être capables de construire entre elles le genre de relations dans lesquelles, par exemple, on peut parler de la douleur qu’on a causé, peu importe qu’elle soit grande ou petite (par exemple, “quand j’étais à l’école, je harcelais les autres enfants” ou encore “je pense que j’ai peut-être harcelé sexuellement quelqu’un”). 

L’une des façons dont nous procédons est en utilisant nos modèles de “pods”. Votre pod est composé de personnes que vous pourriez appeler en cas de violences, que vous en ayez été la cible ou que vous ayez été violent ou témoin de violence. La plupart des personnes a plusieurs pods parce que les personnes qu’ils contacteraient s’il ou elle survivait à la violence sont souvent différentes de celles qu’il ou elle appellerait pour l’aider à assumer la responsabilité d’avoir commis une violence ou causé du mal. Nous encourageons les personnes à penser à qui sont leurs pods (à quel point sommes nous dans la science-fiction ?) Et de développer et d’approfondir leurs pods. 

Les personnes sur lesquelles on peut compter dans ces moments-là ne sont pas nécessairement les personnes dont nous sommes les plus proches parce c’est souvent de là que vient la violence. On se met au défi de construire activement nos propres pods, au lieu de simplement espérer que d’autres le feront pour nous. 

adrienne maree brown:— Que de belles expériences ! J’ai inclus la justice transformative comme principe fondamental de la stratégie émergente, à la fois parce qu’elle correspond à ce que je vois dans la nature — que rien n’est dispensable — et parce que les seules manières pour elle de fonctionner, que j’ai vu, sont itératives, émergentes. J’ai facilité de nombreuses médiations, des griefs, des conflits, des ruptures… et une grande partie du travail consiste à désapprendre la malhonnêteté, que ce soit sous la forme de mensonges total, de demi-vérités, d’omissions ou de politesse. J’ai appris que c’est en moi-même — les choses les plus choquantes que j’ai faites sont toujours enracinées en moi dans une douleur non dite et non reconnue. J’ai donc commencé avec moi-même, à augmenter radicalement l’honnêteté dans ma propre vie ; cela été au centre de mon travail sur la somatique — apprendre à rester présente dans mon propre corps alors que je dis ou que j’entends la vérité. Cela a changé mon travail politique. Au lieu d’aider les personnes à developper leur plan sur cinq ans, je me suis souvent retrouvée à aider les personnes à être plus honnêtes en temps réel, à dire la vérité sur leur connexion (dans l’organisation, le réseau, la relation, la famille) pour mieux tolérer la vérité des autres. Les résultats sont incroyables : les êtres humains sont capables de tout lorsque nous sommes honnêtes — nous avons des limites, nous travaillons de manière durable, nous faisons le travail dont nos communautés ont le plus besoin (au lieu de faire le travail le plus financé ou le plus médiatisé), nous nous libérons des dynamiques malsaines, nous nous sentons vus et convenablement valorisés, nous participons à une intimité authentique. Ce sont des choses au niveau la terre, l’eau, le feu et l’air. Sans ces connections fondamentales, l’injustice fleurit. 

Walidah Imarisha: Selon vous, à quoi ressemble une société futuriste enraciné dans les principes de l’abolition et de la justice transformative ? 

Mia Mingus: L’une des choses à propos de la vision d’une justice transformative est qu’après suffisamment de pratique, on commence à apprendre que la chose la plus importante n’est pas d’apporter une vision limitée avec toutes les réponses, mais plutôt de  la supporter, comme nous envisageons de nouveaux mondes, cette vision va nous changer inévitablement, ce qui va changer notre travail et ainsi de suite. Vous apprenez que la vision est un processus émergent et évolutif qui est en changement constant, comme une rivière. L’une des visions que j’ai de la société enracinée dans l’abolition et dans la justice transformative est que nous serions tous capables de répondre — même si ce n’est pas parfait — à la violence, aux mal et aux abus dans nos communautés. Je vois une société qui travaille activement pour prévenir la violence, les préjudices et les abus et qui comprend les erreurs comme des opportunités de grandir, se ré alignement et de clarté. Je vois que nous pourrons vraiment vivre de la conviction que “personne n’est dispensable.” Je vois une société dans laquelle nous pourrions obtenir de l’aide des personnes dans notre vie quotidienne et dans laquelle nous n’aurions pas à quitter nos communautés pour guérir, pour notre sécurité ou pour l’éducation ; une société dans laquelle nous connaissons nos voisins et nous-mêmes, et dans laquelle la guérison individuelle et collective fait partie de nos vies.


 

adrienne maree brown | ÉTATS UNIS |

Est Autrice, Animatrice, Guérisseuse et Militante du plaisir habitant à Detroit. Elle est Co-autrice d’ Octavia’s Brood et autrice du prochain Emergent Strategy: Shaping Change, Changing Worlds (AK Press 2017).

@adriennemareebrown

Alexis Pauline Gumbs | ÉTATS UNIS |

Est une Féministe Noire qui propage l’amour et une autrice et chercheuse reconnue dans la communauté. Alexis est Membre fondatrice de UBUNTU, une coalition dirigée par des femmes de couleurs pour mettre fin à la violence contre les femmes.

Elle est l’autrice de Spill: Scenes of Black Feminist Fugitivity, co-éditrice de Revolutionary Mothering: Love on the Front Lines, et a contribué à Octavia’s Brood: Science Fiction Stories from Social Justice Movements et Abolition Now: Ten Years of Strategy and Struggle Against the Prison Industrial Complex.

@alexispauline @alexispauline

Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha | ÉTATS UNIS |

Femme queer malade et handicapée, écrivaine éducatrice et organisatrice de la justice tranformative sri-lankaise/irlandaise/rom. Autrice lauréate des prix Lambda et Stonewall de  Dirty RiverBodymapLove CakeConsensual Genocide et co-éditrice de The Revolution Starts At Home, elle a co-fondée et co-dirigée le collectif de performances QTPOC Mangos With Chili de 2005 à 2015.

Artiste principale de la troupe de performance pour la justice pour les personnes handicapées, elle a actuellement terminé son nouveau livre d’essais, Care Work: Dreaming Disability Justice Culture and book of poetry, Tonguebreaker. Site Web: brownstargirl.org

@leahlakshmiwrites

Mia Mingus | États Unis |

Est autrice, conférencière, éducatrice communautaire et organisatrice travaillant pour la justice des personnes handicapées et les réponses de la justice transformative aux abus sexuels sur enfants. Elle est une femme queer coréenne physiquement handicapée et transnationale adoptée, née en Corée, élevée dans les Caraïbes, ayant grandi dans le sud des États-Unis et qui vit désormais dans le nord de la Californie. Elle travaille pour la communauté, l’interdépendance et une maison pour tous, pas seulement pour certains d’entre nous, et assure à un monde où les enfants handicapées pourraient libre de violence, avec dignité et amour. Alors que son travail pour la libération évolue et s’approfondit, ses racines sont toujours ancrées dans la lutte contre la violence sexuelle. Mia est l’une des principales membre du Bay Area Transformative Justice Collective (BATJC), un collectif local qui travaille pour la construction et le soutien des réponses la justice transformative contre les abus sexuels sur les enfants qui ne dépendent pas de l’État (c’est à dire la police, les prisons, le système judiciaire pénal). Elle croit en l’abolition des prisions et incite tous les activistes et organisateurs à réfléchir de manière critique et créative au-delà du complexe à but non lucratif.

@mia.mingus

Walidah Imarisha | États Unis |

Est éducatrice, autrice, chercheuse publique et poète. Elle est l’éditrice deux anthologies, dont Octavia’s Brood: Science Fiction Stories From Social Justice Movements. Imarisha est également l’autrice du livre de non-action Angels with Dirty Faces: Three Stories of CrimePrison and Redemption et du recueil de poèmes  Scars/Stars. Elle a passé 6 ans dans l’ Oregon Humanities’ Conversation Project en tant que chercheuse publique facilitant des programmes dans tout l’Oregon à propos de l’histoire Noire de l’Oregon, des alternatives à l’incarcération et de l’histoire du hip hop. Imarisha est actuellement lectrice à l’Université de Stanford dans le programme décriture et de rhétorique et a enseigné au département d’études Noires de l’Université de l’état de Portland, dans le département d’étude sur la sexualité des femmes de l’Oregon State University et au département d’anglais de l’Université du New Hampshire. 

@walidahimarisha

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