Les Molenbeekois défiant le stigmate
Johan Leman
| Belgique |
mai 2018
traduit par Marion Mercader et Tomas Almeida
Résumé
Le Bas Molenbeek est un quartier de l’agglomération de Bruxelles, ce quartier fait face à de nombreux problèmes structurels , du taux de chômage élevé jusqu’à la saturation des centres d’accueil en passant par la vente de drogue . Ces habitants portent la stigmatisation d’un quartier souvent associé à l’échec, à l’Islam conservateur et même à l’islamisme radical . Le Bas Molenbeek est considéré comme dangereux et sale. Cet article propose un regard fondé sur la praxis locale, en exploitant six différents exemples concrets d’actions mises en place par les habitants de Molenbeek qui mènent à l’émancipation ainsi qu’à la responsabilisation et qui a le potentiel de changer l’image qu’ont les étrangers, au-delà des stigmates . Toutes les initiatives sont discutées en détails pour expliquer d’où elles viennent, quels aspects de la stigmatisation elles combattent et comment elles mènent cette lutte. Une approche constructive et positive, un rêve partagé (qui peut être réalisé) vont être présentés comme des facteurs communs parmi les différentes initiatives proposées.
Serait-il possible que des personnes vivant dans une banlieue stigmatisée puissent, à partir de ces propres pratiques courantes, trouver la force d’ accomplir leur émancipation ? Peuvent-il transformer et transcender la marque négative qui pèse sur eux et sur leur environnement ? Toutes les périphéries et les stigmates sont différents . Certains quartiers sont nettement plus profondément et négativement marqués que d’autres . Parfois aussi, l’image négative est beaucoup plus ancrée que dans d’autres cas .
Je me restreins ici à ce que je vois comme marginalité et stigmate du Bas Molenbeek, un espace réputé et stigmatisé mondialement après les attentats terroriste de Paris en novembre 2015 et à Bruxelles en mars 2016 et qui à échelle nationale connaissait déjà le même sort depuis quelques temps. Je veux aborder concrètement le stigmate de Molenbeek et trouver les solutions pour le surpasser. Premièrement, je prendrai en compte les situations qui trouvent leur origine ou au moins leur soutien aux mouvements, essentiellement dans le quotidien et dans les expériences des habitants et des habitantes.
Le “Bas Molenbeek”: un environnent stigmatisé
Il est intéressant de commencer par une brève introduction de la commune bruxelloise de Molenbeek. Ce que certain appelle la région Bruxelloise est en vrai un aggloméré formé par 19 communes. Molenbeek est l’une d’entre elles et le Bas Molenbeek, une partie de cette commune. Il y a aussi une classe moyenne plus aisée qui vit dans le Haut Molenbeek. Lorsque les médias parlent de Molenbeek, ils se réfèrent en réalité et le plus souvent au Bas Molenbeek : quatre quartiers périphériques et populaires localisés dans la partie nord du canal qui traverse la région de Bruxelles, était déjà au début du XIXème siècle étaient des quartiers de travailleurs.
Depuis les attentats terroristes à Paris en 2015 et à Bruxelles en 2016, des centaines de journalistes sont venus à Molenbeek. Ils ont été majoritairement surpris car ils s’attendaient à voir un quartier aux conditions précaires, ce qui n’est pas le cas du Haut Molenbeek. Même si le Bas Molenbeek est visiblement plus marqué par l’inégalité que le Haut Molenbeek, ce n’est pas non plus un bidonville. Ce qui est sûr, c’est que le problème ne se résume pas au manque. Les quatre quartiers du Bas Molenbeek composent ce qu’on peut appeler le « portail de la ville», puisqu’il s’agit de l’entrée des migrants qui arrivent à Bruxelles.
Un grand nombre de migrants aux conditions économiques défavorables et non qualifiés cherchent un logement dans le Bas Molenbeek, qui s’est transformé en quartier d’accueil que ceux qui ont le mieux réussi finissent par quitter au bout d’un certain temps. Le risque est donc, l’installation d’une culture de « manque de succès » et de « l’échec ». Dans beaucoup de famille, aucun membre ne réussi à trouver un travail déclaré. Le taux de chômage est extrêmement élevé, y compris chez les jeunes. De plus, la population de Molenbeek est très jeune, la moitié à moins de 29 ans. Un grand nombre de familles habitent des logements considérés comme trop petits par les normes belges, la moitié des appartements font moins de 55 m2.
Molenbeek se retrouve au milieu d’un trafic de drogue, qui s’étend du Rif, au Maroc jusqu’au Pays-Bas. Le commerce de drogues pour beaucoup est un moyen stratégique pour gagner de l’argent, donc il est possible que Molenbeek devienne un espace où beaucoup de jeunes ont des activités illicites et qu’ils soient influencés par des « sous-cultures » mais aussi par internet. Se manifeste aussi, une tendance à la monoculture Islamique/Maghrébine dans l’espace public.
Comment expliquer que le djihadiste puisse se développer, avec autant d’expressivité, au cœur du Bas Molenbeek ? Tout d’abord il est important de rappeler la proximité entre Bruxelles et Paris – il est possible de s’y rendre en une heure de train. Molenbeek concentre aussi la plus grande population Maghrébine de la région de Bruxelles, avec un flux intense d’entrée et de sortie de migrants. Il y a donc peu de contrôle de la part des autorités, si ce n’est ceux déjà établis. La région de Bruxelles, Molenbeek en faisant partie, est institutionnellement très fragmentée ; beaucoup d’autorités politiques se sentent compétentes pour lutter contre un aspect ou une partie réduite de celui-ci, mais toujours différent de la réalité sociale.
Ils existent des zones d’ombres, des trous noirs, où des sous-cultures informelles peuvent se développer, comme cela arrive avec les sous-cultures djihadistes Salafistes au détriment de la « vie sociale normal et cohérente ». Donc, certains anciens militants djihadistes du Groupe Islamique Armé (GIA), lesquels ont été présents dans des conflits en Afghanistan, peuvent ici se cacher et recruter des jeunes pour le mouvements djihadistes. Il en résulte que le Bas Molenbeek et sa jeunesse ont été considérés comme radicaux et dangereux.
Il est intéressant de voir ce que dit un de ces jeunes adolescents, qui est maintenant un jeune adulte, et désormais un de cofondateurs du projet que je présenterai ici. Il parle de lui-même et des autres jeunes qui intègrent le projet appelé MolenGeek :
« À Molenbeek, les jeunes de ce projet doivent travailler deux fois plus dur. C’est difficile pour tout le monde de trouver un travail, mais pour eux ça l’est encore plus ; ceux qui n’ont pas de diplôme, n’ont pas d’expérience ni d’aide. Le fait qu’ils viennent de Molenbeek pèse dans la balance. (…) Ce sont des jeunes au chômage qui font face à la discrimination et qui sont les bienvenus dans peu d’endroits. Ils sont constamment humiliés, même par leurs propre familles qui les considèrent comme inutiles. La police les arrêtent et les contrôlent souvent. Il y a une accumulation de problèmes. » (Ibrahim Ouassari, cofondateur du projet « MolenGeek », au journal De Tijd, 30/12/2017 : 14-15)
Parmi les jeunes qui habitent dans le Bas Molenbeek, il existe une forte conviction qu’appartenir à ce quartier rend les choses plus compliquées pour trouver un emploi. Ces jeunes sont conscients que les écoles de Molenbeek, où ils ont étudié, ne sont pas capables de les préparer à l’enseignement supérieur. S’ils portent des noms de familles arabes ou marocains, ils sont de nouveau défavorisés dans le choix de l’employeur. C’est comme cela qu’ils se sentent traités et comme je l’ai déjà dit, c’est quelque chose qu’on comprend.
Les jeunes de Molenbeek réagissent de différentes manières. Certains relèvent la tête et décident d’atteindre leur but, d’affronter ce défi. D’autres disent préférer quitter Molenbeek et avoir autre une adresse pour recommencer sur de nouvelles bases. D’autres, indifférents, croient que vivre du trafic de drogue ou d’activités illégales peut leur assurer un revenu pendant de nombreuses années. Il y a aussi un groupe de jeunes qui y renonce complètement, en se tournant vers l’extrémisme religieux et crée leur propre hiérarchie de valeurs, normes et pratiques en croyant que ce sont des valeurs supérieures à celles existantes.
Il est important de préciser que la majorité des terroristes qui ont participé aux attentats de Paris et de Bruxelles faisaient partie de la catégorie des trafiquants de drogue. D’ailleurs, certains d’entre eux ne sont jamais allés en Syrie. Mais parmi eux, beaucoup ont été en Syrie et se sont convertis au djihadisme salafiste par l’intermédiaire de recruteurs de groupes extrémistes.
Comment expliquer la situation ci-dessus, en considérant une théorie de la stigmatisation comme celle proposée par Erving Goffman en 1963 ? La question qu’on se pose est, si une personne se sent stigmatisée, violemment et injustement identifiée et associée négativement comme quelqu’un et par quelque chose que lui ou elle dans les faits n’est pas. Ce n’est pas seulement une question de sentiment personnel mais plutôt une réalité.
La stigmatisation peut s’appuyer sur des caractéristiques physiques, de personnalités ou en associant des personnes à un groupe spécifique. Si la question est si les quartiers du Bas Molenbeek souffrent de la stigmatisation comme elle est décrite par Goffman, la réponse ne peut être que positive. Les habitants du bas Molenbeek, surtout les jeunes, sont sujets à souffrir d’une charge stigmatisante ? Oui, sachant que la majorité la considère injuste. Certains, peut-être, montrent une forme de compréhension mais non sans percevoir une injustice contraire à ce qu’ils sont.
Le stigmate de Molenbeek est influencé par trois éléments : les quartiers sont vus comme dangereux et sales, la religion prédominante (Islam) est considérée comme extrémiste et non adaptée à l’intégration, et les origines ethniques en majorité marocaine de la région du Rif sont vues comme hostiles envers les femmes et intolérantes à « l’autre ». Je ne dis pas de manière catégorique que c’est le cas ou qu’il y a un fond de vérité. Je sais aussi que les habitants non musulmans sont aussi marqués mais par d’autres caractéristiques. Mais le fait est que la perception commune entre celles et ceux qui ne vivent pas à Molenbeek ont très fréquemment un impact dans le marché du travail et dans la ville même. Il existe aussi deux idées reçues sur les molenbeekois : une réticence face aux efforts nécessaires pour obtenir un emploi et une tendance au radicalisme.
Comme on l’a déjà dit, une personne se sent victime d’une discrimination quand elle se voit comme égale aux autres, mais sait en même temps que les autres la voient comme « différente », dans le sens péjoratif du terme. Les jeunes de Molenbeek portaient le stigmate bien avant les attentats terroristes de Paris et Bruxelles. Après les attaques, l’idée d’une supposée sympathie avec les salafistes, djihadistes et terroristes a été rajouté au stigmate d’origine. Un des arguments utilisés par l’opinion publique et malheureusement de certains ministres du Gouvernement a été le fait que les autorités ont mis un certain temps pour découvrir la cachette de Salah Abdeslam, un des terroristes de l’attentat de Paris. En créant alors, un cycle vicieux.
L’image des quartiers peut confirmer les supposées caractéristiques de la jeunesse, en motivant le regard sur la réputation des quartiers d’où ils viennent. La question qu’on se pose dans cet article est : ce qu’on remarque, autant à partir de l’expérience dans l’ONG Foyer, qui est une organisation qui opère dans l’environnement des mouvements de base de Molenbeek et dans laquelle je suis membre, qu’à partir d’autres initiatives et associations locales, comme les représentations qui défient les stéréotypes et les idées négatives de Molenbeek qui impactent autant le quartier en lui-même que la ville dans son ensemble.
En y répondant, on évitera les idéalisations et on m’intéressera à ce qu’on considère fonctionnel. On se concentrera sur les initiatives établies à partir des mouvements et autant que possible, à partir des actions et expériences des molenbeekois, en particulier de la jeunesse à proprement dit.
Initiatives concrètes qui défient la stigmatisation à Molenbeek
On décrit brièvement six exemples d’initiatives qu’on voit se réaliser ici, à Molenbeek, dont le résultat a conduit ou qui au moins, a aidé à la déstigmatisation.
(1) De nombreux jeunes, hommes et femmes ont réussi de façon brillante leurs carrières et en même temps sont devenus très connus à l’extérieur de Molenbeek à travers les médias. Quand les hommes et femmes continuent d’exprimer fermement leur appartenance à la communauté de Molenbeek, en exprimant une certaine fierté et gratitude à leurs familles et à leur milieu, ils peuvent se transformer en modèle et en motivation pour la jeunesse locale. Autant localement que pour l’opinion publique, ils peuvent devenir les ambassadeurs culturels de leurs quartiers.
(2) Des jeunes qui font de l’échec scolaire une dynamique d’entreprenariat créatif dans l’économie formelle, en s’établissant et en donnant une continuité aux affaires à Molenbeek.
(3) La communauté Pakistanaise qui est l’une des plus récentes à s’être installée en Belgique et à Molenbeek, garde ses propres traditions sportives, sa présence signifie aussi une opportunité pour encourager la pratique du criquet, sport relativement nouveau en Belgique, peu pratiqué malgré sa renommée et ses nombreux passionnés.
(4) Certaines initiatives peuvent attirer des personnes extérieures à Bruxelles et à Molenbeek parce qu’elles offrent une expérience authentique et difficile de retrouver dans d’autres villes de Belgique.
Dans ces quatre premiers cas, le ou la responsable de l’initiative a peut-être besoin d’un soutien ou d’un coup de pouce de personnes ayant les capacités professionnelles plus adéquates, mais pas plus que dans n’importe quel autre endroit dans le cas d’initiatives similaires. Ce sont essentiellement des initiatives de mouvements mais qui dépourvues de force morale et intellectuelle des habitants de quartiers comme le Bas Molenbeek, ça ne pourrait pas se concrétiser. En comprenant les quatre cas présentés, basés sur le sport, les arts et en rapport avec l’entreprenariat, d’autres initiatives dont la structure professionnelle, peuvent faire partie, à un certain niveau, plus importants. Pour ce cas, il sera à nouveau fondamental et décisif de compter sur l’engagement des habitants même.
(5) Les habitants peuvent créer quelque chose vraiment originale avec des rythmes authentiques et des sons qui touchent l’imaginaire, sans quitter Molenbeek. Ça a été le cas des Fanfakids, une fanfare formée par des enfants et des adolescents.
(6) Un grand nombre d’habitants peu qualifiés, des femmes plus âgées, par exemple, sont préparées à jouer le rôle d’actrices principales dans des films dont le rôle est de raconter au grand public - le processus d’émancipation des habitants qui agissent de manière insolente avec humour et réalisé par un producteur expérimenté.
Ce sont six scénarios qui montrent comment les molenbeekois, ancrés par les expériences des mouvements de base, ils désirent défier la stigmatisation de leur territoire et y arrivent. En les regardant un par un, se sont eux les exemples.
Un talent individuel qui n’oublie pas d’où il vient
C’est frappant comme il y a à Molenbeek, une diversité de talents dans les milieux comme le sport, les arts (théâtre et cinéma), science et dans l’entreprenariat ; il raconte, à son tour, la pluralité du territoire. Il est vrai que les actrices principales dont les histoires de réussite, certaines ont reçu de l’aide extérieur à un moment donné dans leur carrière, mais surement pas plus que d’autres jeunes qui ont aussi réussi. Les efforts et la motivation sont venus en grande partie d’eux mêmes et de l’extérieur, grâce à leurs familles et encouragés par une institution, un professeur ou autre professionnel.
Dans le milieu du sport, il n’est pas sans surprise que les arts martiaux comme le kick-boxing et le karaté attirent beaucoup de monde. Même comme ça, la réussite de la jeunesse lutteuse de Molenbeek — les jeunes qui ont suivi la directive de leur propre force et de l’entraînement intensif - sont allés jusqu’au Jeux Olympiques. Ils ont aussi créé des salles de sport, ont créé des circuits de d’entraînement et sont devenus des modèles pour une partie de la jeunesse. Mohamed Boulef est devenu champion du monde de kick-boxing. Monder Rizki, appartenait à un groupe de jeune de rue, et en participant à un entraînement à l’Atlemo, club d’athlétisme du Foyer, Rizki a décidé de devenir athlète du 5000 mètres et du 10000 mètres. Il a très rapidement participé aux JO de Péquin et Athènes.
Les sportifs, hommes ou femmes, sont vus comme des modèles « accessibles » pour beaucoup de jeunes, du moment qu’ils appartiennent à Molenbeek, même si c’est clair que la carrière de l’athlète pourrait avoir besoin d’un environnement moins pollué, d’air propre et d’équipement de meilleur qualité. Ils passent deux messages aux habitants de Molenbeek : « tu peux aussi réussir dans la vie en habitant à Molenbeek » et « c’est difficile pour nous de quitter Molenbeek puisque nous nous sentons étrangers autre part ».
Le sportif Vicent Kompany est né dans un quartier proche et socialement stigmatisé, c’est un célèbre joueur de football de la Premier League, en Angleterre mais aussi un modèle qui sert de motivation, même s’il est devenu moins proche et moins accessible. C’est très valorisant que quelqu’un comme Kompany souligne dans certaines de ses interviews, les qualités de la jeunesse de Molenbeek, en s’investissant personnellement dans des projets footballistiques tournés vers la jeunesse bruxelloise.
Dans le monde des arts, notamment dans le cinéma, on trouve des noms comme celui des cinéastes : Adil El Arbi et Billal Fallah. Ils ont commencé leurs carrières avec le film « Black », qui leurs a valu une invitation à travailler sur d’autres projets à Hollywood. Inspirés par des réalités et par les plus folles histoires de la vie dans le Bas Molenbeek, ensemble les deux jeunes directeurs ont marché sur les pas d’autre jeune cinéaste maroco-belge, Nabil Ben Yadir, producteur du film à succès « Les Barons ». Le film représente de manière émouvante et agréable, les épreuves que les jeunes molenbeekois affrontent en restant à Molenbeek, en montrant comment ils gèrent la vente de drogue et les études.
En analysant à partir d’une perspective historique, on voit les premiers jeunes directeurs, comédiens, producteurs et acteurs issus de Molenbeek, racontent de manière dynamique au théâtre, la vie à Molenbeek. On peut vous assurer que ces producteurs de théâtre ont pu compté seulement sur leurs propres moyens, en obtenant leurs salaires avec des performances réalisées face à un public à majorité locale, lentement, petit à petit ils se projettent loin de Molenbeek.
Les cinéastes ont compté sur plus de soutien, premièrement provenant de nombreux acteurs professionnels de la scène Belge qui se sont mis à leur disposition pour les soutenir, et ils ont aussi reçu ensuite un soutien extérieur. Ce qui ne diminue pas en eux, c’est leurs efforts personnels, leurs motivations et leurs engagements. Ce type de soutien est aussi nécéssaire pour atteindre une certaine niveau de réussite dans le monde international du cinéma.
Dans un troisième temps, plusieurs jeunes ont réussi académiquement, en étant présents de temps en temps dans les médias, suite à leurs carrières autant dans la politique que dans la science. Arrivé à ce moment, ils ne nient pas leurs origines, c’est ce qui est très important. Fadila Lanaan, dont la mère participait aux cours d’alphabétisation de la Maison des Femmes du Foyer, à l’organisation Dar Al Amal et ayant elle même fréquentée le centre pour les jeunes du Foyer, le Foyer des Jeunes, est devenue Ministre de la Culture pour la Communauté Française en Belgique.
Une migrante a développé une application, Sejaal, avec laquelle elle espère améliorer la qualité de l’enseignement au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Ce qui lui a valu d’être invitée à la Silicon Valley. Ces femmes sont devenues des actrices modèles pour les jeunes, elle a aussi pu aller à l’université, au moins commencer ses études et réussir dans la vie, tant par le chemin académique que par n’importe quel autre. Avec les années, ça ne sera pas plus étonnant que dans de tels quartiers, les femmes réussissent plus que les hommes.
Les jeunes qui ont transformé l’échec scolaire en entreprenariat
On voit un deuxième scénario se réaliser en un projet digital entrepreneurial : MolenGeek. Mais de quoi le projet traite ? Les jeunes, y compris ceux qui ont peu d’aptitude, se rencontrent du vendredi soir jusqu’au dimanche, pour développer leurs projets numériques et pour socialiser autour de la culture de la startup. L’un des co-fondateurs du projet est un jeune dont la faible motivation lui a fait lâcher l’école. Il parle ouvertement et sans honte :
« Jusqu’à présent je ne sais pas expliquer pourquoi les choses se sont mal passées pour moi, jusqu’en primaire tout allait bien. Mais soudainement, l’école ne m’intéressait plus. Je n’étais pas heureux et du coup je n’étudiais plus. Je faisais le clown pendant les cours. Plusieurs professeurs m’ont parlés à l’époque, certainement avec de bonnes intentions, en me disant que j’étais en train de gâcher mon futur (…) et après ils m’ont envoyés dans un lycée professionnel. Mais là aussi ça n’a pas marché. Aujourd’hui je me rend souvent à des rencontres avec des jeunes et la question est toujours la même : « Qu’est-ce que l’on doit étudier pour pouvoir faire ce que tu fais ? ». C’est difficile de répondre à ça. Je n’ai jamais étudié. Je peux seulement dire : essayez et continuez d’essayer. (…) Un jeune sur cinq à Bruxelles abandonnent l’école sans diplôme. Ainsi un sur cinq n’étudie pas, ne se forme pas techniquement et ne cherche pas de travail. Connus comme des NEETs, Ni étudiant, Ni employé, Ni stagiaire, MolenGeek en compte beaucoup. 80% de nos jeunes sont des NEETs. Si vous me demandez « Pourquoi MolenGeek ? », je vous répondrai « pour leur offrir un futur ».1Ibrahim Ouassari, co-fondateur de MolenGeek, une interview de Sofie Vanlommel, apparu dans le De Tijd, 30.12.2017
Après avoir échoué dans la recherche d’emploi, Ibrahim Oussari a découvert le monde numérique et il en est maintenant passionné. Il a créé une petite entreprise pour les jeunes qui lâchent les études mais il s’est intéressé à l’entreprenariat et au World Wide Web. Il est de l’avis que les jeunes, même ceux qui viennent dans les quartiers comme le Bas Molenbeek, veulent tous participer au monde virtuel www. Il les encourage à developper des applications et à apprendre un travail, en pratiquant et découvrant une nouvelle passion : celle de devenir entrepreneur, à la recherche d’une nouvelle chance dans le marché du travail digital.
Après les attentas de Paris et de Bruxelles, les autorités politiques l’ont aidé financièrement (avec en apport de €500,000) et aussi socialement, en promouvant son initiative dans les médias comme exemple et ne tentant pas de convaincre les jeunes de Molenbeek qu’ils ne sont pas une « génération perdue », abandonnée par la société. Le projet a définitivement eu un impact positif sur l’opinion publique, aussi en dehors de Molenbeek.
La motivation de Molenbeek pour le sport
Parmi les communautés les plus récemment installées à Molenbeek, il y a une grande communauté Pakistanaise. Presque tous les jours on peut voir, après l’école, des jeunes Pakistanais en train de jour le cricket sur la place centrale devant l’église, avec très peu de moyens. En Belgique le cricket est un sport apprécié et connu, néanmoins très peu pratiqué. il n’existe pas de tradition du cricket.
Cependant, récemment, une fédération de criquet a été créée, mais reste peu connue, ce qui crée un manque d’adhésion de la part de la population. Sur ce point, les jeunes d’origine Pakistanaise des quartiers populaires comme le Bas Molenbeek ont le potentiel de propulser ce nouveau sport et contribuer à son développement, en allant plus loin que Molenbeek.
Quant à l’abordage du Foyer, le coordinateur des sports de l’association est chargé d’entrer en contact avec ces jeunes et avec la communauté pakistanaise, pour proposer un modèle d’auto-organisation, doté de clubs et de jouer les médiateurs avec la municipalité, pas seulement pour viabiliser la pratique interne et externe du criquet, mais aussi pour instaurer un programme récréatif et compétitif de cricket à Molenbeek. Ils sont sans doute devenus, en très peu de temps, une des équipes de cricket les plus fortes de Belgique.
Offrir aux personnes extérieures une expérience unique et locale de Molenbeek
On peut essayer d’exploiter les caractéristiques positives du complexe mosaïque de Molenbeek, normalement offusqués lorsque la logique des médias est de se focaliser sur le conflit. Des initiatives positives de ce genre peuvent être exprimées à des événements annuels ou par des instituts permanents. On donnera deux exemples d’événements, suivi par deux exemples d’instituts crée ad hoc, soutenus et basés sur les pratiques des habitants.
Le concert annuel inter-religieux
Les quatre quartiers qui composent la ville de Molenbeek sont multi-religieux. C’est frappant comme les communautés religieuses n’en savent pas beaucoup sur les autres lieux de cultes des autres religions. Mais les non molenbeekois en savent moins encore. La riche réalité est composée de : différentes communautés musulmanes Sufi, une mosaïque d’églises chrétiennes pentecôtistes africaines, de communautés catholiques et orthodoxes et plus encore. Au sein de ces différentes communautés, des chorales donnent des représentations plusieurs fois par semaine, jusqu’à atteindre un haut niveau mais reste peu connu.
Chaque année, le Foyer invite certaines chorales à faire un spectacle dans l’église centrale de Molenbeek, pour créer ensemble, un répertoire de base pour la représentation d’un chanteur ou d’une chanteuse principal. Le résultat de cette rencontre est une soirée intéressante qui est devenu une tradition à Molenbeek et qui attire autant un public bruxellois qu’étranger. Dans ce genre d’évènements, l’église de Molenbeek peut devenir un endroit représentatif, une marque positive d’un espace où les personnes peuvent expérimenter avec beaucoup d’authenticité les aspects de la réalité locale.
Une course annuelle
Très souvent, et encore plus après les attentats de Paris et de Bruxelles, Molenbeek est devenu un endroit insécure et dangereux, où les personnes le visitent souvent par curiosité et comme une forme de tourisme de désastre. Le Foyer essaie de changer cette idée reçue par divers moyens, parmi celle-ci, l’organisation du « Foyer Jogging », une rencontre annuelle le samedi après-midi, qui se déroule dans rues commerciales du vieux Molenbeek. La compétition est faite de telle manière que les femmes peuvent courir en se sentant en sécurité en portant des vêtements de sport, en t-shirt et en shorts, dans un quartier qui a la réputation d’être radical avec les femmes locales, qui ont l’habitude de courir avec un voile sur la tête.
L’organisation annuelle de ces activités rassemblent différentes religions comme par une course annuelle dans les zones les plus stigmatisées du Bas Molenbeek, ce qui fait partie de la stratégie du Foyer pour favoriser la requalification positive dans ces quartiers, en touchant autant les habitants que les personnes extérieures à Molenbeek. Les personnes découvrent en effet, qu’un grand nombre d’extrémistes musulmans habitent ici, cependant, ils ne représentent pas la majorité, en tout cas pas dans l’espace public.
Bel Mundo
Dans les limites de Molenbeek, une initiative venue de l’extérieur a été prise pour la création du musée MIMA : Millennium Iconoclast Museum of Art. Il se présente comme « un musée d’arts visuels ouvert au public en général et est déterminé à contribuer à l’élan culturel - emphatique, iconoclaste, collaboratif, participatif et transversal - qui se cache dans chacun de nous, qui demande seulement à être libéré. Les oeuvres artistiques exposées sont délibérément libres de divisions, en mélangeant librement des mondes différents : cultures musicales (punk-rock, musique électronique, hip hop, folk etc), arts graphiques (illustrations et design), sports (skate, surf, sports extrêmes), art (cinéma, arts plastiques, performances, BD, tatouages, stylisme) mais aussi de l’art urbain (graffiti et art de rue).
En puisant essentiellement son inspiration dans les sous-cultures comme les arts de rue, le skate et le graffiti, les artistes présentés atteignent une reconnaissance notable, indépendamment du réseau de galerie et des centre d’art ». Les artistes s’intéressaient clairement à Molenbeek tant par la localisation que par la présence de ces sous-cultures. À côté du musée, un autre entrepreneur a inauguré un hôtel, qui est maintenant très fréquent/
Ce n’est pas que je veuille présenter ces deux initiatives comme provenant de mouvements et des habitants de Molenbeek, ce sont des initiatives qui peuvent être bien mieux comprises à partir du point de vue de la gentrification. Néanmoins, ce qui est intéressant c’est qu’au même endroit, un restaurant social a ouvert : le Bel Mundo. On y voit une initiative entrepreneuriale de la part d’une association locale, le Groot Eiland, qui créé de l’emploi pour les migrants qui arrivent à Molenbeek, en leur offrant des contrats de travail pour s’occuper des jardins voisins qui produisent les ingrédients utilisés pour la cuisine du restaurant. D’autres nouveaux migrants reçoivent les clients dans le restaurant. Même si ce n’est pas une initiative courante des mouvements, cela montre comment certaines associations agissent avec les nouvelles initiatives pour promouvoir une possible insertion des habitants de Molenbeek, des nouveaux migrants dans ce cas là, ce qui peut avoir un impact positif sur la perception de ses visiteurs.
Un petit musée du « multiculturalisme et des arts »
Sous le format d’un programme sur trois années (2017-2019), l’association Foyer est en train de créer un petit musée du « multiculturalisme et des arts », à Molenbeek, soutenu par quelques artistes importants mais aussi par habitants talentueux. Le projet essayera aussi de rendre le multiculturalisme de Molenbeek et Bruxelles vivement compréhensible. Il est clair qu’une telle initiative commence difficilement, sans aucune aide de professionnels ni même d’institution et il est vrai qu’il n’y a pas de chance de réussir si on ne peut pas compter sur un minimum de soutien venant du territoire.
La création et la promotion de rythmes et sons authentiques : les Fanfakids, la fanfare des des enfants et des ados
Les Fanfakids est une initiative d’un autre centre pour les jeunes, le Centrum West-D’Broej. Depuis 2000, des enfants et des adolescents d’un quartier stigmatisé se rencontrent deux fois par semaine sous la responsabilité d’un musicien professionnel, pour répéter avec des petits instruments de percussion, des cloches et des sons d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Europe. Les enfants et les ados ont créé leurs propres sons et rythmes et les ont partagé avec d’autres enfants du centre de jeunesse et d’écoles voisines, grâce aux Fanfakids de Molenbeek, ils voyagent pendant les vacances. Jusqu’ici ils sont allés en Hollande, au Luxembourg, en France, en Italie, en Suisse, au Maroc, au Gana, au Togo et au Bénin. Ils sont fiers de leurs performances et s’identifiant toujours clairement au territoire.
L’empathie des habitants au cinéma
Le film Patience, patience, T’iras au paradis (2014), a été récompensé avec le prix Irisi au Festival de Berlin. Sept femmes parlent de leurs passés au Maroc et de leurs vies à Molenbeek, en en exprimant sans nier la loyauté à la famille, aux voisins et à leur territoire - comment elles ont surmonté les différents obstacles culturels et les aspects du contrôle social d’où elles vivent. Dans le film, elles s’en vont toutes en vacances dans un van, vers le sud du pays - région où les migrants ne vont pas, elles rencontrent Arno, célèbre chanteur belge de passage sur le littoral ; elles voyagent ensemble à New-York à la recherche, entre autre, d’un jeune avocat Maroco-Belge et vont encore plus loin. Elles concrétisent tout avec leurs propres économies et avec le soutien des autres femmes de Dar al Amal. Le filme a été à l’affiche dans les cinémas de Bruxelles et est sorti en DVD. Faire un filme comme celui-là aurait été impossible sans l’aide primordiale des femmes qui ne sont même pas professionnelles du milieu ni actrices expérimentées. Elles ont ainsi réalisé le portrait désarmé de Molenbeek.
Discussion
On a décrit six initiatives prises directement d’une praxis concrète de Molenbeek. Pourquoi on les nomme « défiante du stigmate » ? Et bien, pour Molenbeek, comme décrit au début , le stigmate passe par : l’insécurité (alors le Foyer organise des course), l’hostilité pour les femmes (aussi par la course), l’espace marqué par l’échec et par une supposée « génération perdue » (contrées par tant d’histoire individuelles de reussite, par MolenGeek et le cricket pakistanais), l’image reçue que les habitants ne veulent pas travailler (donc le Bel Mundo et MolenGeek), l’intolérance (donc les concerts multi-religieux et les Fanfakids) et enfin, un espace sujet au radicalisme islamique (donc le film Patience, patience). Et l’histoire ne se finit pas là. Il y a encore beaucoup d’autres initiatives intéressantes.
En prenant en considération le fait que Molenbeek a besoin de plus que ça, il faut alors : les propositions de politique adéquate à la condition de la ville en temps que porte d’entrée, qu’il faut des écoles plus adaptées et synonyme de réussite, réfléchir sérieusement avec les imams sur l’Islam et l’interprétation de leurs messages, analyser les flux de l’économie illégale concernant la vente de drogue et d’armes mais aussi liés à la diffusion de différentes tendances au salafisme.
La société civile et ses associations devraient aussi plus se concentrer sur les efforts à faire pour développer des programmes d’intégration, tel qu’inclure le programme d’éducation pour les jeunes dans le monde numérique et dans les médias. Plus de collaboration est nécessaire pour clarifier les « zones d’ombres » et les « trous noirs » où la radicalisation peut se développer comme on l’a déjà vu par le passé.
La probable existence de « trous noirs » (ce qui explique pourquoi on a mis autant de temps à trouver Salah Abdeslam), il demeure un problème : les initiatives pour la déstigmatisation comme celles qui honorent collectivement la mémoire des victimes des attentats sont en partie bien maintenues. Une autre initiative de a pu stimuler la lutte contre la stigmatisation en dehors du petit livre d’un auteur marocain, Mohamed El Bachiri, molenbeekois et époux d’une victime des attentats de Bruxelles. Dans « Un djihad de l’amour » (A Jihad of Love, 2017), l’auteur développe une plaidoirie de ce qu’il appelle d’unique et correcte interprétation du djihad et de l’amour de l’acceptation positive de l’autre.
Il est important de comprendre que pour dépasser la stigmatisation, au-delà du rêve, il est aussi nécéssaire d’avoir auto-confiance et de pouvoir compter sur le soutien d’amis ou d’envisager à partir d’une perspective : emprunter le chemin du rêve commence avec un capital social positif - grâce à un réseau qui créé des conditions réciproques de confiance et d’auto-confiance entre ceux qui participent.
Une fois qu’on peut compter sur ce réseau, ce qui peut facilement mettre sept ans pour être créer (d’après notre expérience), alors il implique toujours « d’être présent » et de « gagner la confiance » - il est possible proposer d’entreprendre un rêve qui transcende la frontière du groupe, en gardant sous la responsabilité des mouvements, s’inclure dans le rêve, s’investir dans la proposition d’un nouveau capital culturel.
Une fois le rêve réalisé, le nouveau capital social complémentaire sera créé avec des nouvelles opportunités rénovées pour de nouveaux capitaux culturels complémentaires — en incitant ainsi les personnes à prendre le chemin du dépassement de la stigmatisation.
Il est fondamental de comprendre que le processus ne va pas de bas en haut, mais se commence en haut, avec la première ligne ici présente, avec des personnes et en les écoutant. Il est nécessaire d’écouter la jeunesse locale mais aussi leurs parents. Dans les quartiers marqués par la stigmatisation, la confiance est la base du capital social, ce qui est, à son tour, la base du capital culturel de l’émancipation.
Ce n’est pas par hasard que la fille d’une femme qui prenait des cours d’alphabétisation avec des bénévoles de Dar al Amal, est devenue la première ministre Maroco-Belge de la Culture Française en Belgique. Pendant ses cours d’alphabétisation, les professeurs bénévoles n’ont pas cessés de répéter aux élèves, la nécessité de permettre à leurs filles de poursuivre leurs études. En rentrant à la maison, elles tentaient de convaincre leurs parents. Evidemment, l’effort vient de ces propres personnes, mais quelques-unes encouragées par l’école ont de meilleurs résultats.
Les processus positifs d’émancipation sont les meilleurs antidotes positive contre le stigmate, même si dans la pratique un laps de temps est nécéssaire pour que les médias et l’opinion publique se montrent ouvertes à accompagner les initiatives. Quant à l’éducation à Molenbeek, il est intéressant de voir que les deux meilleures écoles, situées en dehors du quartier et considérées jusqu’à présent comme destinées à une classe moyenne haute, ont décidé d’ouvrir une unité à Molenbeek.
Conclusion
Les problèmes les plus récurrents à Molenbeek sont le taux de chômage de la jeunesse et le déséquilibre entre les formations et la demande sur le marché du travail. De plus, il existe un trafic de drogue qui s’implante comme une forme d’argent facile et aussi la présence de recruteurs extrémistes dans le quartiers que j’appelle les « trous noirs ». Et pour certains jeunes, il persiste le sentiment de « ne pas avoir d’avenir ».
Les situations comme celles déjà décrites, fondamentalement enracinées et alimentées par l’engagement des habitants eux même, sont nécessaires : elles maintiennent un climat de climat de rêves possibles et réalisables qui sont encouragés par des petites victoires mais qui sont incontestables. Elles concernent principalement des initiatives dans les domaines du sport, de la culture et de l’art et dans l’entreprenariat. Elles démontrent aussi que l’acceptation et la tolérance mutuelles peuvent faire parties des rêves du quartier. Des histoires de succès et d’acteurs principaux sont racontées. Elles encouragent les personnes. Ils créent un espace pour un capital social et culturel et d’esprit de construction mais pas d’un espace de capital spirituel qui mène à l’isolement et à l’abandon du reste du monde.
Avec le développent du capital culturel et de nouvelles initiatives plus importantes encore venues de l’extérieur (justement avec le MIMA et d’autres), qui représentent plus un signe de gentrification, un nouveau défi peut naître. Les personnes extérieures à Molenbeek se rendent compte des avancées à une période où les prix de l’immobilier restent relativement accessibles, pouvant même les intéresser. C’est bon signe. Néanmoins, si les prix de l’immobilier augmentent de manière significative, certaines personnes qui sont dans des conditions inégales seront expulsées.
Pour cette raison, on ne sera pas surpris même si Molenbeek, y compris le Bas Molenbeek, passeront, un jour, peut-être dans vingt ans, d’une image négative à une image complètement positive. Le défi sera d’éviter que les habitants qui sont les précurseurs dans le processus de développement, deviennent des victimes de son amélioration. Ce ne sera pas la première fois qu’un quartier stigmatisé pendant des années voit sa population changer complètement grâce aux mouvements positifs venus de l’intérieur de la société et ensuite améliorer par des investissements venus de l’extérieur. Je ne veux pas, entre autre, finir sur une note négative ou d’avertissment. Donc, entretemps, la bonne chose, c’est que les molenbeekois se battent pour se faire respecter et sont prêts à se mobiliser ensemble contre la stigmatisation.