Écrits visuels des photographes d'Images du Peuple (Imagens do Povo)
Bira Carvalho | Francisco Valdean | Marcia Farias | Rosilene Miliotti
| Brésil |
mai 2018
traduit par Nicolas Quirion
Vendredi matin (1er juillet 2004), les professeurs João Roberto Ripper et Ricardo Funari ont rassemblé les élèves de la première promotion de l'École des Photographes Populaires (Escola de Fotógrafos Populares) en face du 26, rue Guilherme Maxwell1 La rue Guilherme Maxwell fait partie du Morro do Timbau. Au numéro 26, se trouvait la Maison de la Culture de la Maré (Casa de Cultura da Maré) qui abritait différents projets, dont le Musée de la Maré (Museu da Maré). À la suite d'un changement, l'espace est devenu connu sous le nom de Musée de la Maré (Museu da Maré)., où ils leur ont transmis les dernières instructions en vue des premiers travaux pratiques du projet Images du Peuple (Imagens do Povo), ce type d’activité est connu sous le nom de « sorties photographiques ». Ce jour-là, nous sommes sortis pour la première fois, dans le cadre d’un cours pratique, afin de photographier les rues de la Maré.
Les cours de l'École de Photographes Populaires (Escola de Fotógrafos Populares - EFP), offerts par l'Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas), avaient déjà débuté depuis au moins deux mois au moment de la première visite sur le terrain. Jusqu'à lors, nous n'avions eu accès qu'à des contenus théoriques. La promotion était composée, en majorité, d'élèves habitants à la Maré, toutefois certains venaient aussi de la Mangueira, Santa Marta, Rocinha, Manguinhos, Vila Aliança et des favelas de l’Alemão. L'institution Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas) avait pour souhait de refléter ce qui se déroulait à la Maré, dans d'autres favelas de Rio de Janeiro.
Après avoir reçu les instructions des professeurs, nous nous sommes aventurés , munis d'appareils fournis par le projet Images du Peuple (Imagens do Povo), dans les rues des quartiers Morro do Timbau, Baixa do Sapateiro et McLaren. Au cours de ces travaux pratiques, nous avons pris en photo des paysages, des rues et de personnes. Ces clichés peuvent être considérés comme les premières archives de la grande collection élaborée par les photographes issus de cette expérience de communication.
Les premiers clichés ont été pris devant la propre rue Guilherme Maxwell, puis nous sommes passés par la rue Praia de Inhaúma. C'est dans la favela McLaren, où certaines familles vivent dans des cabanes en bois, que nous sommes restés le plus longtemps. La favela McLaren est la plus récente occupation de la région et rappelle les origines de la Maré (habitations sous forme de cabanes en bois construites au bord d'un canal), les conditions y sont profondément précaires. Nous sommes depuis lors, revenus à de nombreuses reprises dans cette favela.
De là, nous avons continué vers la Linha Vermelha (voie express qui traverse le nord de la ville, ndt), nous voulions y photographier les commerçants ambulants, puisque de nombreux habitants de la région vivent de la vente de produit le long de celle-ci.
Nous avions été informés de l'existence d'un groupe de personnes qui vivaient en dessous du viaduc de l’Avenue Bento Ribeiro Dantas[2]. Nous sommes allés à la rencontre de ce groupe de sans-abri de la Maré. Sur place, nous nous sommes retrouvés face à des hommes, des femmes et des enfants, nous nous sommes alors présentés et avons obtenu la permission de réaliser quelques portraits du groupe et des conditions dégradantes dans lesquels ces personnes vivent.
En ce qui me concerne, ce fut l'évènement le plus marquant de ces premiers moments de photographie . Même si je circule beaucoup dans le coin, je ne m'étais pas rendu compte de la présence des ces habitants et, évidemment, ma grande surprise a été de « découvrir » qu'à la Maré aussi il existait une population de rue. Je pensais que la question des sans-abri concernait uniquement l'« asfalto » (ville formelle, ndt), et non la favela. Par la suite, j'ai su que ces personnes avaient rejoint la population de la favela McLaren.
Après la visite aux sans-abri de la Maré, nous avons circulé de par les rues de la Baixa do Sapateiro e du Morro do Timbau, dans lesquelles nous avons pris des photos de personnages tels qu'un éboueur communautaire, mais aussi simplement des ruelles et allées.
Par la suite, lors d'un cours, les images produites au moment de cette première sortie photographique ont été projetées sur grand écran et analysées collectivement. L'apparition des photos à l'écran provoquait diverses réactions, les professeurs (Ripper et Funari) offraient des commentaires techniques concernant la lumière, le cadrage ou la composition et donnaient des conseils visant à l'amélioration de la prise. Lorsque le cliché n'était pas satisfaisant, ils suggéraient que nous le réalisions à nouveau. Nous autres élèves racontions ce qui nous avait marqué lors de cette première expérience sur le terrain, comment s'était passée la rencontre avec les habitants de la favela McLaren et avec les travailleurs ambulants de la Linha Vermelha. Nous étions tous d'accord pour dire que la « découverte » de l'existence de sans-abri dans la région avait été un choc.
Inventaire visuel du quotidien de la Maré
par Francisco Valdean
« Répertorier le quotidien festif, artistique et créatif de la Maré est mon devoir en tant que photographe, c'est une activité nécessaire et importante afin de combattre les images stéréotypées qui sont souvent diffusées ... »
Francisco Valdean est titulaire d'un master et d'une licence en Sciences sociales obtenu à l'Université de l'État de Rio de Janeiro (2013). Il a travaillé comme producteur culturel et à la gestion de banque d'images, il s'occupe de la gestion de la banque d'image du programme Images du Peuple (Imagens do Povo), de l'institution Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas). Il est membre du groupe de recherche Images, Narrations et Pratiques Culturelles (Imagens, Narrativas e Práticas Culturais - INARRA), lié au programme de recherche en Sciences sociales de l'Université de l'État de Rio de Janeiro. Il travaille actuellement autour de la représentation des favelas de la Maré dans les travaux de photojournalismes et les documentaires.
Dans les rues de Nova Holanda
par Bira Carvalho
Bira Carvalho est responsable du projet Images du Peuple (Imagens do Povo), il est photographe formé à l'École des Photographes Populaires (Escola de Fotógrafos Populares) et « flâneur », il apprécie tout particulièrement la rue principale de Nova Holanda, dont il tire son inspiration à photographier les autres rues du quartier. Il a suivi une formation audiovisuelle à l'École de Communication Critique (Escola de Comunicação Crítica), et est également formé à la médiation de conflit à la Fondation Getúlio Vargas, habitant de Nova Holanda depuis 43 ans et leader communautaire du Complexe de Favelas de la Maré.
XINGU
par Marcia Farias
Photographe formée à l'École des Photographes Populaires (Escola de Fotógrafos Populares) en 2009. Elle a travaillé comme photographe et responsable de l'indexation, du traitement et de l'archivage des images de l'institution Viva Rio de 2009 à 2011. Elle a participé aux expositions collectives : A Maré do seu Tom (2007), Caçadores de Sonhos (2009), Viva Favela 10 Anos (2011). Elle a dirigé des cours de photographie dans le cadre du projet Wikmapas et Curta Favela en 2010. Elle a travaillé comme assistante du photographe Thiago Barros. Actuellement, elle signe l'exposition individuelle “XINGU escritas Visuais de Marcia Farias”, exposée à la galerie 535 de l'Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas).
Paisajes religiosos
par Rosilene Miliotti
Photographe formée à l'École des Photographes Populaires (Escola de Fotógrafos Populares) en 2007. Elle a suivi les cours de l'École Populaire de Communication Critique (Escola Popular de Comunicação Crítica - ESPOCC), de L'Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas), en 2005. Formée en Communication sociale/Journalisme, elle suit des études supérieures en Gestion des Médias digitaux.En 2009, elle a réalisé un stage en communication à l'Observatoire de Favelas (Observatório de Favelas) et elle travaille actuellement comme journaliste au sein de l'ONG Redes de Desenvolvimento da Maré. Elle oeuvre comme attachée de presse ainsi que dans le secteur des médias digitaux.