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periferias 7 | désincarcérer l’emprisonnement

Le théâtre comme stratégie pour le changement social

Le colonialisme et l'apartheid ont créé des prisons ségréguées, dans le pays où les traditions multiculturelles et multilingues ont créé une culture nationale du théâtre qui, dans les prisons, a mis en évidence l'approche de la crise de santé publique du VIH/SIDA

Ashley Lucas | Vicente Concílio

| États Unis | Afrique du Sud | Brésil |

mars 2023

traduit par Deboráh Spatz

présentation
par Vicente Concíllio

Un thème aussi difficile que celui de combattre l’incarcération de masse avec les défis de produire de l’art dans des environnements punitifs peut-il mener à des réflexions qui vont au-delà de la simple description des évènements et des défis ? Ce défi a été celui de la professeure Ashley Lucas, de l’Université du Michigan, dans son livre Théâtre en Prisons et la Crise Globale de l’Incarcération, publié en 2021, aux éditions Hucitec. 

J’ai rencontré Ashley Lucas lors d’un séminaire sur l’art et la culture dans les prisons, en août 2015, organisé par les professeures Viviane Becker Narvaes et Natália Ribeiro Fiche.  Elles sont toutes les deux issues du cursus de Licence en Théâtre de l’Université Unirio et sont les coordinatrices d’un programme d’extension qui a fêté ses 25 ans en 2022, et qui met en avant des ateliers artistiques dans des unités pénales de la ville de Rio de Janeiro et, plus récemment, a articulé des actions avec des survivants du système carcéral. Il s’agit du « Cultura em Prisões » [Culture en Prisons], qui à l’époque était organisé dans quatre prisons de Rio de Janeiro. 

À cette occasion et pour la troisième année consécutive, Ashley venait avec un groupe d’étudiants de l’Université du Michigan pour qu’ils puissent connaître les actions d’extension développées par des professeurs de l’Unirio dans les contextes les plus variés : en plus des actions au sein des prisons, ils pouvaient également visiter et participer aux activités du Théâtre Renascer, coordonné par la professeure Carmela Soares, un groupe théâtrale de personnes âgées qui se retrouvait dans l’Hôpital Universitaire Gaffrée e Guinle ; l’Hôpital comme Univers Scénique, du professeur Miguel Vellinho, qui avait lieu à l’Hôpital de Lagoa et le Programme Théâtre en Communautés, de la professeure Marina Henriques Coutinho, qui propose des ateliers de théâtre dans trois parties distinctes de la Favela de la Maré et de la Zone Norte le la cité : le Centre d’Arts de Maré, l’Arena Dicró (quartier Penha) et le Centre Municipal de Santé Américo Veloso (quartier Ramos). 

Le groupe qui accompagnait Ashley Lucas dans les visites au Brésil était composé par des étudiants qui avaient déjà participé à son cours « Théâtre et Incarcération », proposé à tous les étudiants de l’Université du Michigan et qui donneraient des cours d’arts visuels, de musique, d’écriture créative ou de théâtre dans une des unités pénale de l’État du Michigan. En d’autres termes, c’était un groupe de formation diverse (cela allait des étudiants du domaine de la santé et de la psychologie, en passant par, évidemment, des historiens et des économistes, en plus des artistes), multiethnique et attentif aux questions sociales tant des États-Unis que celles du Brésil. 

Mon affinité avec Ashley a été pratiquement immédiate et déjà à cette époque-là, elle avait porté de l’intérêt pour ma recherche, qui avait été menée à São Paulo, au début des années 20001 CONCILIO, Vicente. Teatro e prisão: dilemas da liberdade artística. São Paulo, Hucitec, 2008.. J’ai tenté de réaliser un panorama historique sur la présence des actions théâtrales dans les prisons de São Paulo2Le panorama que j’ai présenté a été ensuite évidemment complémenté par les recherches de Viviane Narvals dans l’article “Contribuições para uma história do teatro nas prisões do Brasil”, vide referências., en plus d’y avoir narré ma pratique en tant que professeur de théâtre dans des contextes prisonniers. 

Ashley réalisait des recherches qui ont eu pour résultat le livre Théâtre en Prisons et la Crise Globale de l’Incarcération, qui vient d’être publié en portugais grâce à une action conjointe de traduction coordonné par mes soins. Ce fut une grande joie d’avoir cette opportunité et encore plus satisfactoire d’être parvenu à le faire publier par une maison d’édition. 

Il s’agit d’un livre important non seulement pour ceux qui pratiquement et proposent des ateliers de théâtre dans des unités de prison, mais aussi pour toutes les personnes qui d’une certaine forme travaillent sur le thème de l’emprisonnement et cherchent, quotidiennement, des arguments pour démolir la logique punitiviste qui structure et pose les fondements du discours rétrograde, militariste et armementiste qui s’impose avec force dans le sens commun. 

En rapportant et en analysant les pratiques théâtrales qu’Ashley a connu dans des unités de prisons de dix pays différents (Brésil, États-Unis, Uruguay, Canada, Afrique du Sud, Royaume-Unis, Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande et Portugal), le livre trouve également sa force dans les récits de voyages et dans les mémoires qu’elle partage avec nous, en tant que fille d’un père qui a purgé une peine de privation de liberté durant deux décennies. La quatrième de couverture du livre est composé d’un texte de Juliana Borges, chercheuse fondamentale dans le domaine de l’incarcération en masse dans notre pays. Elle écrit : 

"Le théâtre en prison rend possible le repositionnement des personnes en situation carcérale, que ce soit par d’autres modes d’exercice de la liberté, que ce soit par la rupture, ne serait-ce que pour quelques heures de répétition et de représentation, avec les dynamiques violentes de l’incarcération. (…) Lucas nous montre que le fait que le théâtre soit un espace de collaboration, de respect, et de partage et d’engagement, cela fait de lui une possibilité de réinvention des individus en situation de prison, que ce soit d’eux-mêmes, des relations qu’ils établissent avec leur groupe, leur communauté et les membres de leur famille." 

Ce que l’extrait met en avant, c’est le fait que les sens de la scène qui a lieu derrière les barreaux échappent aux définitions utilitaristes et instantanées parque qu’ils parlent d’une vraie réinvention des individus en collectif. 

L’extrait du livre que nous apportons ici est une partie du troisième chapitre du livre, dans lequel Ashley nous présente la réalité carcérale de l’Afrique du Sud, tout en nous prêtant son regard sensible pour exposer les spécificités de la prison dans ce pays : l’héritage des prisons politique injustes de l’époque de l’apartheid, qui a privé de liberté des leaders qui luttaient pour l’équité raciale, et le contexte de l’épidémie de VIH/Sida, qui mobilise et met en contexte beaucoup des actions développées dans les projets théâtraux de ce pays. Il s’agit d’une opportunité pour que nous percevions à quel point les prisons, loin de laisser une base de justice, sont en réalité un modèle raté de réparation qui ne fait que renforcer le punitivisme.


Lorsque j’ai voyagé en Afrique du Sud pour la première fois, en 2014, avec mon collaborateur Andy Martínez, la nation célébrait les vingt ans de la fin de l’apartheid, en 1994. Des t-shirts et des banderoles dans les rues de Johannesburg proclamaient « vingt ans de démocratie. » Pourtant, alors que nous nous déplacions d’un endroit à l’autre, nous voyions la manière dont les héritages du colonialisme, de la ségrégation et de l’oppression brutale étaient toujours apparents dans l’Afrique du Sud actuelle, tout comme ils le sont également dans mon pays. Et, tout comme dans mon pays — et comme dans n’importe quel autre pays — les divisions créées par cette histoire ne peuvent être plus apparentes que dans les prisons.

Durant l’apartheid et actuellement, les personnes noires et métisses étaient et sont incarcérées à des taux disproportionnés par rapport à leurs homologues blancs, comme cela a été — et est toujours — le cas dans des nations comme les Etats-Unis et le Brésil. Cependant, comme nous l’avons appris, en Afrique du Sud, les personnes incarcérées vivaient dans des prisons séparées sans programme extérieur, jusqu’à la fin des années 1990. Cette histoire, les traditions de performance multiculturelle et multilingues de la nation et l’urgence de la crise du VIH/Sida dans le pays forment ensemble la programmation théâtrale dans les prisons d’Afrique du Sud de façon unique. 

À travers mes recherches dans neuf pays, je n’ai trouvé aucune culture nationale du théâtre en prison plus disposée à un changement direct et actif que celle d’Afrique du Sud. La plupart des types de changements recherchés dans les programmes de théâtre en prison sont liés au renforcement de la communauté et le comportement pro-social des participants. Seul un nombre plus restreint d’animateurs de théâtre en prison peut affirmer que leur théâtre formule un appel spécifique à l’action de ceux qui vivent et travaillent au sein de la prison.

Ce texte examine la manière dont un groupe d’animateurs de théâtre dans les prison d’Afrique du Sud a utilisé le théâtre pour inspirer l’action autour des questions de justice sociale, principalement atour du VIH et du Sida. Près de Durban, la professeure de théâtre Miranda  Young-Jahangeer ainsi que ses étudiants de l’Université de KwaZulu-Natal ont imaginé des performances avec les femmes détenues du Westville Female Center, abordant les injustices autour du traitement des femmes. Ils ont utilisé des représentations théâtrales pour promouvoir d’importants changements sociaux dans leur propre vie et dans celle d’autres femmes incarcérées. La longévité et le succès de ce programme est lié à la capacité des animateurs d’écouter les personnes incarcérées et de partager le pouvoir et la capacité d’agir dans la mesure où l’environnement de la prison le permet. 


Sur le pouvoir d’action des personnes emprisonnées et des Africains

Sans surprise, les personnes en prison ont du mal à nous convaincre, dans le monde libre, qu’ils possèdent l’intellect, l’habilité, la conscience et les compétences en résolution de problème pour améliorer leur propre vie. Nous avons tendance à supposer que ce genre de personnes, qui finissent derrière les barreaux, n’avaient pas le bon sens ou les compétences de vie pour éviter leur propre incarcération, ou, alternativement, qu’ils ne sont pas complètement humains dans ce sens orwellien selon lequel « certains animaux sont plus égaux que d’autres. »

Nous supposons que, comme le décrit la journaliste Sarah Koenig dans son podcast récompensé Serial : « Que nous ne sommes pas comme eux — ceux qui sont arrêtés et punis, ceux qui puent. Ils font partie d’un espèce légèrement différente, avec les sens émoussés et endurcis. Ils ne ressentent pas la douleur, ou le chagrin, ou la joie, ou la liberté, ou la perte de liberté, comme vous et moi le ressentirions3 Sarah Koenig, “A Bar Fight Walks into the Justice Center,” September 20, 2018, in Serial, produced by Sarah Koenig, Julie Snyder, Emmanuel Dzotsi, and Ben Calhoun, podcast, mp3 audio, 53:00, https://serialpodcast.org/, retrieved 29 December 2018.. » Cette distance de nous-même par rapport aux autres permet les violations généralisées des droits humains qui caractérisent les prisons de la plupart des nations. 

Le philosophe Achille Mbembe décrit une attitude tout aussi dévastatrice et dédaigneuse envers les peuples d’Afrique — qui provient des mêmes logiques coloniales qui permettent notre culture mondiale actuelle de l’incarcération en masse : Tout d’abord, l’expérience humaine africaine apparaît constamment dans le discours de notre époque comme une expérience qui ne peut être comprise que par une interprétation négative.

L’Afrique n’est jamais vue comme possédant des choses et des attributs proprement dits faisant partie de la « nature humaine ». Ou alors, lorsque c’est le cas, ces choses et ces attributs sont généralement de moindre valeur, de petite importance et de mauvaise qualité. C’est cet élémentarisme et cette primitivité qui font de l’Afrique le monde par excellence de tout ce qui est incomplet, mutilé, inachevé, son histoire réduite à une série de revers de la nature dans sa quête d’humanité4 Achille Mbembe, On the Postcolony (Berkeley: University of California Press, 2001), 1..

On pourrait donc dire que les prisons africaines abritent les peuples les plus exilés du monde — ceux expulsés du contrat social d’un continent déjà inscrit comme un lieu d’absence et de perte. Mbembe établit comme principe fondamental de son livre On the Postcolony le fait que « le sujet Africain est comme tout autre être humain ; il ou elle se livre à des actes pleins de sens » (souligné dans l’original)5 Ibid., 6..

Les femmes et les hommes détenus décrits dans ce chapitre — et ceux maintenus en captivité dans le monde entier — ont également des vies pleines de sens, un certain pouvoir d’action dans les limites de la prison et la capacité d’apporter des contributions importances à la culture, à la politique, aux familles, aux communautés et aux nations. Young-Jahangeer voit le théâtre comme un moyen de transformer la prison en un lieu où ceux qui vivent à l’intérieur des murs peuvent « répondre à l’institution6 Miranda Young-Jahangeer, conversation with author, 22 November 2018.. » Les metteurs en scène en prison sont confrontés, dans ce chapitre, à un ensemble de défis liés à l’héritage de l’apartheid et à la culture de la prison en Afrique du Sud.
 

L’Afrique du Sud en tant qu’état carcéral 

La jeune nation démocratique d’Afrique du Sud n’a pas réussi à se débarrasser de l’héritage du colonialisme et de l’apartheid qui dominait une si grande partie de son histoire. Malgré les meilleurs efforts du Congrès National Africain (ANC) et de la Commission Vérité et Réconciliation, l’égalité est toujours insaisissable. La criminalité, les violences sexistes ainsi que la pauvreté ravage majoritairement les citoyens noirs et le pays fait face à des difficultés pour se remettre de son passé et articuler son identité actuelle.

Neal Lazarus a écrit en “The South African Ideology: The Myth of Exceptionalism, the Idea of Renaissance,” [L’idéologie sud-africaine : le mythe de l’exceptionnalisme, l’idée de la Renaissance] : Une sorte de violence est perpétrée dans la dissémination de l’idée que nous sommes tous Sud-Africains, que nous sommes Sud-Africains ensemble… En qualifiant la citoyenneté de question d’identification, donc d’affiliation, le langage de la « Nouvelle » Afrique du Sud passe sous silence la lutte pour y parvenir — une liste dont on ne peut pas dire qu’elle a été gagnée, une fois pour tout, simplement parce que l’apartheid n’existe plus… 7 Neal Lazarus, “The South African Ideology: The Myth of Exceptionalism, the Idea of Renaissance,” South Atlantic Quarterly 103.4 (2004): 620.

Sarah Nuttall décrit de la même manière « l’enchevêtrement » — et non l’unification de différents groupes de Sud-Africain alors qu’ils luttent pour « accepter un héritage de violence dans une société basée sur l’inégalité8 Sarah Nuttall, Entanglement: Literary and Cultural Reflections on Post-Apartheid (Johannesburg: Wits University Press, 2009), 12.. » Parmi les 161 054 hommes et femmes se trouvant en prison en Afrique de Sud en 2017, 80 % sont noirs, 12 % sont métisses et 1,6 % sont blancs ; ils servent de représentations vivantes des divisions sociétales dans l’ère post-apartheid. Une étude de 2013 a montré que, dans cette nation, les hommes noirs ont six fois plus de chance d’être emprisonnés que les hommes blancs.9 Derrek Thulani and Sasha Gear, “South Africa: Prison Population,” Just Detention International Prison Insider website (February 2018), https://www.prison-insider.com/countryprofile/prisonsinsouthafrica?s=la-population-carcerale#la-population-carcerale, retrieved 30 December 2018.

Les divisions parmi les Sud-Africains peuvent également être vues dans les prisons. Durant mes voyages en Afrique du Sud, en 2014 et en 2017, j’ai été frappée par le fait de voir que partout où j’allais dans les grandes villes (Johannesburg, Durban, Pretoria, et dans la ville du Cap), les maisons, les magasins, les entreprises, les écoles et les universités étaient entourés de clôtures, de barbelés et de murs impénétrables.

Aucun autre pays que j’ai visité ne ressemblait autant à une prison. En 2014, Andy et moi sommes restés dans un quartier aisé de Johannesburg appelé Rosebank et malgré l’apparente richesse des habitants du quartier, chaque maison et chaque immeuble ressemblait à une prison. Tout se trouvait derrière des murs ostentatoires — de grandes choses solides avec des pointes en métal et des rangées de fils barbelés qui les entouraient. D’une fenêtre de notre hôtel, nous pouvions voir une école très aisée juste de l’autre côté de la rue, avec une magnifique piscine et un terrain de football en gazon synthétique immaculé.

Lorsque nous nous sommes approchés de l’école, nous n’avons vu que les murs et les barbelés. La garderie de l’autre côté de la rue était tout autant barricadée, tout comme l’étaient toutes les impressionnantes maisons des rues environnantes. Dans d’autres quartiers riches dans lesquels j’ai été, par accident ou à dessein, je me suis retrouvé par exemple à Beverly Hills, aux USA ou dans une quartier résidentiel chic du Caire, en Egypte, j’avais vu de hauts murs et des portes ornées, mais jamais comme cela. À Johannesburg, il semble que plus vous êtes emprisonnés dans votre maison, ou votre entreprise, mieux ça va pour vous. Là où d’autres lieux riches s’efforçaient de confiner discrètement, ici l’enfermement, qui partout ailleurs signifiait pauvreté, signifiait richesse.

Partout où j’allais, les Sud-Africains parlaient constamment de crimes et m’alertaient de ne pas sortir en ville la nuit, même si je n’étais pas seule et que j’avais Andy pour braver les rues à mes côtés10 Bien que nous nous identifions tous les deux en tant que Chicana/o (personnes d’origine mexicaine et dont membres d’un des groupes qui souffre le plus de discrimination aux USA), nous étions, sans aucun doute, considérés comme étant blancs, en Afrique du Sud. Cela a dû avoir un impact important sur la manière dont nous étions perçus — comme étant des corps en danger et qui avaient besoin de protection. Je ne peux pas dire à quel point nos expériences auraient été différentes si nous avions été perçus comme noirs ou métisses (au sens sud-africain) dans le même contexte. . Nous avons pris leurs conseils au sérieux.

À deux reprises, à Johannesburg et à Pretoria, nous sommes allés au théâtre, le soir, pour voir des spectacles, et les deux fois, les membres du personnel du théâtre — de gentils étrangers que nous avons rencontrés ces soirs-là, ont insisté pour nous ramener à notre hôtel parce qu’ils pensaient que c’était beaucoup trop dangereux pour nous d’arrêter des taxis par nous-mêmes. Ces interactions ont illustré les contradictions dans la façon dont nous avons été confrontés à la culture sud-africaine. Nous étions constamment avertis à propos de la criminalité, qui était sans aucun doute une réalité dangereuse et urgente, mais les personnes ont également tout fait pour s’assurer que nous étions en sécurité.

Je ne peux imaginer des étrangers, dans une grande ville des USA nous proposer de nous ramener à la maison, après une pièce de théâtre, parce que les rues ne sont pas sûres. Les Sud-Africains dans ces villes ont passé des décennies, peut-être même des centaines d’années, à s’isoler des autres, mais ils nous ont ouvert plusieurs fois, leurs maisons et leurs véhicules de façon totalement généreuse pour s’assurer que nous étions protégés. 

L’un des héritages culturels de l’apartheid est peut-être le fait que de nombreux Sud-Africains, de toutes les origines raciales et ethniques, implicitement, comprennent que les prisons dans leur pays ont été délibérément conçues comme des mécanismes de ségrégation et d’oppression raciale. Parce que c’est le sujet de notre recherche, Andy et moi avons parlé des prisons pratiquement avec toutes les personnes que nous avons rencontrées en Afrique du Sud. De telles conversations avec des connaissances occasionnelles — des personnes travaillant dans les hôtels, les chauffeurs de taxi ou le personnel du théâtre — ne réagissaient pas de façon surprise, inconfortable ou inquiète aux mentions de la prison, comme cela se passe souvent dans d’autres pays.

Les Sud-Africains que j’ai rencontrés paressaient entretenir moins d’hypothèses négatives à propos des personnes actuellement ou anciennement incarcérées, en comparaison aux citoyens d’autres pays. Les Sud-Africains semblaient réticents à condamner leurs compatriotes emprisonnés comme intrinsèquement et irrévocablement criminels. Après tout, au milieu des années 1990, l’ancien président Nelson Mandela et d’autres dirigeants de l’ANC, avaient passé des décennies en prison avant d’inaugurer une nouvelle ère de démocratie en Afrique du Sud. Malgré cela, la peur généralisée de que ce que le New York Times avait appelé « le crime violent généralisé » persiste dans la nation11 Norimitsu Onishi and Selam Gebrekidan, “‘They Eat Money’: How Graft Enriches Mandela’s Political Heirs,” New York Times, Vol. CLXVII, No. 57,934, (16 April 2018), A10..

Comme le note Sutherland, « le crime est l’obsession nationale de l’Afrique du Sud. Tout le monde en est affecté et nous vivons avec l’un des plus importants taux de meurtres et de violences sexuelles dans le monde1210 Sutherland, 124.. » Les murs ainsi que les prisons persistent et ils sont présumés par beaucoup comme nécessaires de toute urgence, malgré leur héritage bien connu en tant que structures de terreur et d’oppression de l’état.

 

L’histoire des prisons en Afrique du Sud

Dans de nombreuses régions du monde, y compris en Afrique du Sud, les prisons et la culture d’incarcération de masse sont devenues si omniprésentes que nous avons des difficultés à imaginer un monde sans elles13 Angela Y. Davis, Are Prisons Obsolete? (New York: Seven Stories Press, 2003), 9.. Cependant les prisons telles que nous les connaissons sont extrêmement rares sur le contient africain à l’époque pré-coloniale14 Stephen Peté, “A Brief History of Human Rights in the Prisons of Africa,” in Human Rights in African Prisons, ed. Jeremy Sarkin (Cape Town: HRSC Press, 2008), 40.. La détention ou l’emprisonnement étaient généralement vus comme une conséquence inappropriée du crime, car l’accent était davantage mis sur l’indemnisation de la victime, que sur la punition du criminel.

La colonisation britannique et la traite des esclaves ont posé les bases (et souvent les bâtiments, puisque les forts et les châteaux d’esclaves ont été convertis en prison) pour les systèmes carcéraux qui dominent aujourd’hui le paysage de la justice criminelle de nombreux pays africains15 Ibid., 41, 43.. (Les mêmes phénomènes peuvent être observés aux USA dans la conversion des plantations d’esclaves, comme Parchman au Mississippi et Angola en Louisiane, en certaines des prisons les plus grandes, plus connues et les plus durables du Sud.) La logique de l’incarcération, comme de nombreuses parties du monde le sait aujourd’hui, n’est pas un irréversible produit de la nature humaine, mais plutôt un système d’oppression et de stratification sociale profondément enraciné et largement transmis. 

Les prisons, en tant qu’institutions, se sont implantées dans le sud du continent Africain plus tôt que dans le reste du continent, et elles formaient « une partie intégrante d’un système d’oppression raciale qui, vers le milieu du XXe siècle, s’est transformé en un système connu sous le nom « d’apartheid 16 Ibid., 45.». Andy et moi avons visité une ancienne prison de l’époque de l’apartheid, maintenant transformée en musée, dans le quartier de Braamfontein, à Johannesburg. Construit en 1892, Constitution Hill a servi de prison durant la plus grande partie de son histoire, avec une brève interruption en tant qu’avant-poste militaire durant la guerre d’Afrique du Sud (1899-1902). La prison a fonctionné  pendant plus de 100 ans, recevant des hommes ainsi que des femmes — beaucoup d’entre eux n’étaient coupables que d’un seul crime : celui d’être noir pendant l’apartheid.

Un grand nombre de prisonniers politiques y ont purgé leur peine, notamment Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Winnie Madikizela-Mandela et Albertina Sisulu. Au milieu des années 1990, après ma fait de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela, la prison de Constitution Hill a fermé ses portes. 17 Mandela a passé un période relativement courte à Constitution Hill et la majeure partie de son incarcération à Robben Island, sur la côte de Cape Town.

Nous avons vu d’abord la section de la prison réservée aux hommes noirs. Dans les bâtiments qui existent toujours, nous avons vu salle après salle en ciment, les cellules dans lesquelles les hommes dormaient comme des sardines en boîtes. Ils n’avaient que des couvertures ou de fines paillasses pour dormir et ils étaient obligés de dormir si proche les uns des autres que la tête de chaque homme était coincée entre deux paires de pieds d’un autre. Des toilettes ouvertes se trouvaient dans le coin de chacune de ces chambres, et les plus pauvres et les plus faibles des hommes devaient dormir près de la puanteur de l’égout. Le musée a permis à la peinture écaillée, aux murs froids et au sol de parler d’eux-mêmes, ajoutant un peu plus que de simples signes plein de goûts pour aider à expliquer comment les pièces étaient habitées.

Des couvertures de prison grises et rugueuses avec quelques rayures blanches à chaque extrémité ont été transformées en « sculptures de couvertures » habillement construites pour nous montrer où les corps des hommes auraient été couchés la nuit. Ces remplaçants de personnes s’avèrent non seulement artistiques mais également beaucoup plus touchants que les mannequins qu’on trouve dans tant de tableaux de musée. Les habitants de Constitution Hill ont, en fait, ces sortes de couvertures durant leur incarcération. Ils ont également réalisé des œuvres en papier mâché et dans d’autres formes d’art. Les sculptures de couvertures exposées dans le musée de Constitution Hill ont été faites par deux anciens détenus hommes qui sont revenus pour contribuer au musée. 

De telles évidences de participation par d’anciennes personnes incarcérées dans la sélection du musée apparaissaient dans les nombreuses expositions de Constitution Hill, comme des opportunités pour les visiteurs de réagir à ce qu’ils voient. Des tableaux de messages apparaissent tout au long des expositions, posant différentes questions aux visiteurs et les encourageant à partager leur pensés sur des choses comme : est-ce que les personnes décrites dans l’exposition ont été emprisonnées injustement ? Ou quel pourrait être l’héritage le plus important laissé par Gandhi à l’Afrique du Sud ?

L’idée que la participation active des visiteurs dans le musée, et dans toute l’histoire en cours de l’Afrique du Sud, correspond aux efforts de la Commission Vérité et Réconciliation pour capturer les expériences de personnes ordinaires aux côtés des plus grands évènements des révoltes civiles sud-africaines. Cet élan pour inclure la plupart des citoyens dans la réformation des narratives nationales sud-africaines à propos de la justice refait surface dans le théâtre que j’ai vu dans ses prisons.18Human Rights Watch, “Prison Conditions in South Africa” (8 February 1994), https://www.hrw.org/legacy/reports/1994/southafrica/, retrieved 17 June 2018.

L’apartheid a œuvré pour maintenir l’oppression et empêcher les gens ordinaires de s’organiser en séparant les groupes et les individus les uns des autres. Constitution Hill avait plusieurs cellules d’isolement dans ses nombreux bâtiments. Dans la section des hommes blancs de la prison, les cellules d’isolement avaient un petit bureau boulonné dans le mur et des planchers en bois. À aucun endroit de la prison, nous n’avons pas vu de lit. C’est comme si tout le monde dormait sur des paillasses ou des petites couvertures grises sur le sol.

Les cellules d’isolement des hommes blancs étaient austères et intimidantes, même si elles étaient environ deux fois plus grandes que celles des hommes et des femmes noirs. Je ne pus m’empêcher de me demander ce que ces légères différences pouvaient signifier pour quelqu’un de captif. Quel confort et quelle dignité humaine un sol en bois apporte-t-il par rapport à un sol en béton froid ? Quel fragment de la santé mentale et de la stabilité émotionnelle d’une personne pourrait être mieux gardé à sa place par quelques mètres d’espace dans lequel se déplacer ? 

J’ai tenu le coup jusqu’à ce que nous ayons vu les cellules d’isolation des hommes noirs. Comme je l’ai ressenti dans la plupart des prisons que j’ai visitées dans le monde, à certains endroits, la douleur semble irradier des murs et du sol avec une froide intensité. Les murs ont vu tant de souffrance qu’ils donnent l’impression de l’avoir absorbée. Nous sommes entrés dans les cellules et avons fermé les portes derrière nous pour avoir une vision claire de ce que les gens de cet endroit avaient enduré. Le dos de chaque porte de métal était couvert de phrases gravées dans la peinture. La petite cour à l’extérieur de ces cellules était recouverte d’un réseau de fils barbelés disposés en grille afin que même lorsque vous sortiez au soleil, une cruelle barrière se dressait entre vous et le ciel. 

Dans une partie séparée de la prison, les femmes purgeaient leur peine loin des hommes. Les cellules d’isolation des femmes noires contiennent maintenant des expositions de musée. Devant chacun des portes des cellules, une grande pancarte sur laquelle se trouve la photographie et une explication biographique d’une des femmes qui a purgé sa peine dans cette aile. Dans chacune des cellules un écran vidéo passe des extraits de témoignages donné par les femmes représentées sur les pancartes, et sous les écrans vidéo, des objets de la vie des femmes sont exposés.

L’une des femmes dit dans sa vidéo qu’elle a eu la plus belle robe de mariée imaginable, achetée le jour de son arrestation. Elle a porté l’uniforme de la prison durant une longue période, attendant la fin de son incarcération pour pouvoir montrer sa robe de mariée à sa famille. La robe jaune vif est suspendue dans la cellule sous l’écran vidéo qui diffuse son histoire. Ces contrastes entre le dynamisme et la ténacité des personnes qui ont enduré l’incarcération durant la période l’apartheid et la sombre réalité des prisons elles-mêmes se sont manifestés dans le bouleversement politique et culturel qui a si radicalement changé l’Afrique du Sud.

La fin de l’apartheid au début des années 1990 a entraîné d’importantes réforme dans le code pénal d’Afrique du Sud, incluant un mandat de déségrégation pour les prisons. Cependant, l’implantation pratique de la déségrégation a été laissé entre les mains du personnel de haut rang de chaque prison, qui a choisi de séparer les détenus en fonction de leur race ou de leur éthnicité, les responsables justifiaient cette pratique comme étant nécessaire à la prévention des conflits.19 Gail Super, “‘Like Some Rough Beast Slouching Towards Bethlehem to be Born’: A Historical Perspective on the Institution of the Prison in South Africa, 1976-2004,” British Journal of Criminology 51.1 (2011): 208. L’utilisation de l’incarcération comme un moyen de contrôle de l’état a en fait augmenté, alors même que Nelson Mandela et d’autres qui avaient passé des décennies en prison occupaient les plus hauts postes du gouvernement sud-africain.

Durant les dix années qui ont immédiatement suivi les premières élections démocratiques en 1994, la population carcérale d’Afrique du Sud a augmenté de 60 %20 Kelly Gillespie, “Moralizing Security: ‘Corrections’ and the Post-Apartheid Prison,” Race/Ethnicity: Multidisciplinary Global Contexts 2.1 (Autumn 2008): 70.. Durant une crise parallèle, à peu près à la même époque, le VIH/SIDA s’est propagé violemment dans les prisons d’Afrique du Sud, alors que « le nombre de décès dus à des « causes naturelles » est brusquement passé de 186 en 1995 à 1087 en 2000, avec jusqu’à 90 % de ces décès liés au Sida. »21 Peté, 59. Les réformes des prisons qui ont accompagné l’avènement de la démocratie ont permis aux volontaires de proposer des programmes de théâtre pour la première fois dans les prisons d’Afrique du Sud,22 Miranda Young-Jahangeer, “Bringing into Play: Investigating the Appropriation of Prison Theatre in Westville Female Prison, KwaZulu-Natal (2000-2004),” South African Theatre Journal 19 (2005): 143. et les metteurs en scène qui ont commencé à proposer de tels programmes dans les prisons en partenariat avec les personnes incarcérées pour répondre à la nature urgente et généralisée de l’épidémie de VIH/SIDA.

Le théâtre pénitentiaire en Afrique du Sud et le VIH/SIDA

Bien avant d’autoriser la programmation dans les prisons, l’Afrique du Sud avait une longue et riche tradition de théâtre de protestation sociale. Gibson Kente, connu comme étant « le père du théâtre des Township », a mis en avant une culture dynamique de la performance parmi les personnes pauvres et noires d’Afrique du Sud des années 1960 jusqu’à sa mort, à cause du Sida en 2004. Athol Fuyard — peut-être le dramaturge le plus connu d’Afrique du Sud — a commencé à travailler sur la déségrégation du théâtre professionnel à la fin des années 1950 et a toujours continué à utiliser ses pièces pour défendre la justice sociale. Gcina Mhlophe a transformé son activisme anti-apartheid en une séries one-woman-show dans les années 1980 et 1990 et a ainsi conquis une renommée internationale en faisait cela. 23 Gcina Mhlophe website, http://www.gcinamhlophe.co.za/index.html, retrieved 30 December 2018.

Bien qu’un grand nombre de mémoires sur l’incarcération aient été écrites durant l’apartheid, personne ne pouvait produire de théâtre dans les prisons d’Afrique du Sud avant que les réformes législatives de 1996 n’aient permis à la programmation d’entrer dans ces espaces pour la première fois. Aussitôt qu’il a été possible de faire du théâtre au sein des prisons, les personnes incarcérées ont urgemment et continuellement exprimé la volonté de dramatiser les effets des crises du VIH/SIDA dans leur vie. 

Parmi tous les théâtres carcéraux sur lesquels j’ai fait des recherches dans le monde, celui d’Afrique du Sud se démarque en s’attaquant constamment à la crise de santé publique VIH/SIDA en cherchant à causer des changements culturels au sein des prisons. Dans aucun autre pays, les metteurs en scène ne semblent se focaliser sur un thème particulier de cette manière. Johannes Visser décrit le travail fait dans cette veine par des praticiens du théâtre de l’Université de Pretoria, qui entre 2006 et 2009 ont créé pratiquement huit pièces de théâtre à propos du VIH/SIDA qui ont été jouées dans des centres de détention pour mineurs. 24 Johannes Visser, “Space and Involvement: Theatre in (a) South African Prison,” Matatu 43.1 (2013): 167.

La professeure Alexandra Sutherland dirige un programme de théâtre dans une prison pour hommes d’Afrique du Sud depuis 2010 et décrit son travail comme ayant été guidé par les intérêts du groupe, « principalement… Basé sur des problèmes — traitant bien souvent de la vie en prison, la stigmatisation autour du VIH/SIDA, ou les défis de remise en liberté dans la famille et la communauté. 25 Alexandra Sutherland, “‘Now We Are Real Women’: Playing with Gender in a Male Prison Theatre Programme in South Africa,” Research in Drama Education: The Journal of Applied Theatre and Performance 18.2 (2013): 122. » Christopher John, qui, à l’époque, était un collègue de Young-Jahangeer à l’Université de KwaZulu-Natal, a travaillé avec des hommes dans le Centre de Correction Médium B en 2003 pour créer une pièce intitulée : Lisekhon’ Ithemba (There is Still Hope) [Lisekhon’ Ithemba (Il y a toujours de l’éspoir)], « qui a abordé la vie avec le VIH/SIDA » (sic) en prison. 26 Christopher John, “Catharsis and Critical Reflection in isiZulu Prison Theatre: A Case Study from Westville Correctional Centre in Durban,” ed. Hazel Barnes, Arts Activism, Education, and Therapies: Transforming Communities Across Africa (Amsterdam: Rodolpi, 2013), 87.

Themba Interactive, une organisation de services sociaux qui, par le théâtre, fournit des informations sur le VIH/SIDA, a travaillé dans les prisons de 2009 à 2014 ; leur compagnie de théâtre a présenté des sketchs qui ont apporté des informations de santé publique sur la crise du VIH/SIDA et ont encouragé le public à prendre ses médicaments. Le programme de Themba utilise aussi le théâtre pour former les femmes et les hommes incarcérés à devenir des animateurs qui vont ensuite organiser des groupes d’informations pour changer la culture autour de la façon dont les personnes parlent et réagissent au VIH et au SIDA.27 Ashley Lucas, “Themba Interactive: South African Theatre and HIV/AIDS,” https://razorwirewomen.wordpress.com/2014/08/03/themba-interactive-south-african-theatre-and-hivaids/ (3 August 2014), retrieved 8 August 2019.

Cette liste de projets d’activistes du théâtre autour du VIH/SIDA vient d’une enquête sur la littérature publiée du théâtre dans les prisons d’Afrique du Sud, mais je soupçonne que de nombreuses autres représentations de ce type aient eu lieu mais n’ont pas été rapporté dans la presse. La prépondérance du travail théâtrale sur le sujet du VIH/SIDA dans les prisons d’Afrique du Sud met en avant non seulement la magnitude de l’épidémie, mais également la nécessité urgente de réponses culturelles et pratiques à cela. Il s’agit de quelque chose de logique étant donné que l’Afrique du Sud a les plus hauts taux d’infection au VIH au monde, avec une estimation de 7,2 millions de personnes vivant avec la maladie dans le pays. Rien qu’en 2017, le pays a perdu 110 000 habitants à cause du sida. 28 “HIV and AIDS in South Africa,” AVERT website, https://www.avert.org/professionals/hiv-around-world/sub-saharan-africa/south-africa, retrieved 30 December 2018.

Les quelques dix millions de personnes incarcérées à travers le monde sont porteuseuses de taux d’infection par le VIH ainsi que d’autres maladies transmissibles plus élevés que ceux d’entre nous qui ne sont pas en prison. 29 Ilham El Maerrawi and Heráclito Barbosa Carvalho, “Prevalence and Risk Factors Associated with HIV Infection, Hepatitus, and Syphilis in a State Prison of São Paolo,” International Journal of STD & AIDS 26.2 (2014): 120. Étant donné la transmission rapide et généralisée de telles maladies dans les prisons de pays ayant une population carcérale importante et souvent surpeuplée, comme les Etats-Unis et le Brésil, les stratégies les plus réussies des programmes de prisons d’Ukuphila et de Young-Jahangeer doivent être reproduites dans d’autres parties du monde. 30 Ibid., 120-7; A.M. Charles, “Indifference, Interruption, and Immunodeficiency: The Impact and Implications of Inadequate HIV/AIDS Care in US Prisons,” Boston University Law Review 92.6 (2012),:1979-2022. L’immédiateté et la persistance de la crise du VIH/SIDA dans les prisons d’Afrique du Sud éclairent également la façon avec laquelle les batailles pour la santé publique et la sécurité publique sont intimement liées.


 

CONCILIO, Vicente. Teatro e prisão: dilemas da liberdade artística. São Paulo, Hucitec, 2008.

LUCAS. A. Teatro em Prisões e a Crise Global do Encarceramento. Tradução: Vicente Concilio. São Paulo, Hucitec. 2021.

LUCAS, A. E.; CONCILIO, V. Uma conversa sobre arte e teatro nas prisões com Ashley Lucas. Urdimento - Revista de Estudos em Artes Cênicas, Florianópolis, v. 2, n. 29, p. 145-156, 2017.

NARVAES, V. B. Contribuições para uma história do teatro nas prisões do Brasil. Urdimento - Revista de Estudos em Artes Cênicas, Florianópolis, v. 3, n. 39, p. 1-29, 2020

Ashley Lucas | ÉTATS UNIS |

Professeur de théâtre et de théâtre à l’Université du Michigan, elle a été directrice du Prison Creative Arts Project (PCAP) - projet développé dans le but d’apporter de l’art dans les prisons, à travers les langages artistiques et la littérature. Ses activités de recherche et d’enseignement comprennent des études sur le théâtre latino-américain, le théâtre et l’enclavement et le théâtre pour le changement social. Elle est l’auteur du livre Le théâtre dans les prisons et la crise mondiale de l’incarcération, publié par la maison d’édition Hucitec en 2020.

razorwirewomen.wordpress.com/

 

lucasash@umich.edu

Vicente Concillio | BRÉSIL |

Professeur en arts de la scène à UDESC - Université d’État de Santa Catarina. Il étudie les pratiques théâtrales abolitionnistes au sein du système pénal et cherche à rassembler les personnes qui font du théâtre dans les prisons au Brésil et dans d’autres pays, par l’intermédiaire de l’Observatoire des pratiques artistiques à la prison et dans les espaces de privation de liberté, groupe de recherche qu’il dirige avec Viviane Becker Narvaes (Unirio).

 

viconcilio@gmail.com

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