Mémoire pour Brumadinho

L’essai Mémoire pour Brumadinho a été réalisé par des photographes indépendants à Brumadinho et sur la Rivière Paraopeba, à Minas Gerais, en janvier 2019, trois jours après l’effondrement du barrage sur le ruisseau Feijão, l’ancienne réserve d’eau et de minerais de fer de l’entreprise Vale do Rio Doce — un crime socio-environnemental, comme disent les habitants eux-mêmes. Entre nos pleurs et les angoisses face à diverses situations vécues là-bas et photographiées, il y a eu énormément de moments où nous avons simplement baissé nos appareils photos pour écouter la parole des peuples locaux et originaires.

Sur les photos, des plus dures faites par une photographe qui couvre les manifestations dans les ville comme Rio de Janeiro, la difficulté d’avoir eu besoin de donner un chemin à ces photos se reflète, entre la douleur ressentie par nous, photographes, en voyant, en une seule journée, environ dix-huit corps étant retirés de la mer de rejets de minerais, à Brumadinho.

Avec nous, les habitants et les habitantes partagent des dialogues de résistance, alors nous observons aussi une rivière salie par les rejets de minerais. Nous entendons des histoires comme celle de la population qui vit au bord de la rivière, qui regrette profondément la fin de son unique ressource de survie, la Rivière Paraopeba.

Sur la photo de couverture, le patriarche de la tribu Aldeia Nao Xohâ, est pris en photo en plein moment de réflexion sur la douleur de perder son unique rivière, sacrée pour ses rites de passages et pour la survie. Le photographier fait repenser la douleur, la forme de prendre en photo avec respect du prochain face à la perte.