Voies de résistance et intelligence dans les réseaux périphériques 

Depuis plus de 150 jours nous vivons en isolement social à cause du nouveau coronavirus et, dans ce scénario dévastateur, les sentiments qui nous hantent sont la peur et l’incertitude par rapport à ce que nous devons faire dans le présent et par conséquent, dans le futur. Tout au long de cette période, les différentes décisions et le peu d’importance donnée, principalement, par le gouvernement fédéral, a mené le pays à être l’un de ceux qui compte le plus de victimes fatales en numéros absolus. Le Brésil compte déjà plus de 100 000 vies perdues. 

Lorsque nous observons la manière dont la pandémie a affecté les périphéries, les inégalités sociales, raciales et territoriales surgissent encore plus clairement, tout comme le manque de politiques efficaces, urgentes, sociales, économiques et d’infrastructure pour la population des périphéries. On sait déjà que « le virus est démocratique, mais la maladie ne l’est pas » et que l’absence de politiques structurelles a contribué à la létalité, principalement, celle de la population noire et périphérique. Les territoires périphériques sont noirs et il est fondamental qu’il y soit réalisés des investissements de recherche et de production de données en considérant la race et le genre pour qu’il soit possible d’organiser des actions stratégiques pour la population de ces territoires. 

Au début de la pandémie et des impacts négatifs du nouveau coronavirus dans les périphéries, la Coalition Noire de Droits était parvenue, avec le Ministère de la Santé, à publier les données, avec un recoupement de race et de genre, via la Loi d’Accès à l’Information. Cependant, avec une mesure autoritaire et antidémocratique du gouvernement fédéral, le Ministère de la Santé à rendu plus difficile l’accès à ces informations. Depuis de la décision du Ministère de la Santé de refuser la transparence des données à propos de la pandémie, il est devenu plus difficile de comprendre comment fonctionne la dissémination du virus dans le pays et par conséquent, les impacts sur les périphéries. 

L’absence de données a diminué la capacité de la société civile et des gouvernements de mettre en place des stratégiques plus adaptées au combat contre la pandémie, en observant les nécessités du territoires. Parce que, en plus d’être historiquement en marges, nous, la population noire, nous sommes également plus exposés aux maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, cela expose encore plus cette population cette population aux complications liées au covid-19.

Face à ce contexte, les questions suivantes sont soulevées : comment la population noire et périphérique peut-elle s’isoler socialement dans ces conditions ?

Face à ce scénario qui s’est consolidé au fil des mois, ici, l’un des principaux défis apparu pour les périphéries, à cause de la pandémie, a été d’ordre économique. Au Brésil, il y a un bataillon de travailleurs informels, quelque chose de l’ordre de 40%. Les personnes n’ont pas de réserves financières. La réalité, c’est le vécu, c’est ce qui est sur la scène quotidienne, et la solution pour la question financière doit être immédiate. 

Le combat contre le nouveau coronavirus dans un pays aussi inégal que le Brésil ne peut pas être réalisé à partir de stratégies de cabinets ou d’idées avec des critères douteux, comme ce que nous voyons depuis le début de la pandémie. Les solutions pour faire face aux problèmes provoqués ou aggravés par le nouveau coronavirus doivent être partagées et renforcées de différentes manières et sur de multiples territoires, et les périphéries ont beaucoup à contribuer dans la proposition de solutions pour les territoires périphériques. Pour ceux qui vivent dans les périphéries, les moyens de protection et le combat contre la pandémie mis en avant par le gouvernement doivent être articulés avec ceux qui vivent et connaissent le lieu. Je parle ici de l’importance de l’articulation avec les réseaux de périphéries, les groupes, les collectifs, les institutions et leurs principaux dirigeants. Les solutions pour faire face aux problèmes provoqués ou aggravés par le nouveau coronavirus doivent être partagées et renforcées de différentes manières et sur de multiples territoires, et les périphéries ont beaucoup à contribuer dans la proposition de solutions pour les territoires périphériques

Les politiques d’affrontement du nouveau coronavirus dans les périphéries devraient être une construction collective, entre les gouvernements et les périphéries, pensée à partir de chaque territoire, dans les contextes les plus variés. Suivre les données est d’extrême importance pour la prise de décisions, mais les suivre et ne pas proposer de solutions concrètes et efficaces ne contribuent qu’à la punition de ceux qui ne peuvent pas être en isolement social. Le défi est de créer des solutions et des conditions réellement pour les urgences de la vie quotidienne comme, par exemple, l’accès à l’eau, l’énergie électrique, les aliments, l’accès à internet et le revenu de base. 

À contresens des incertitudes sur le futur et de la peur d’être malade ou de ne plus avoir de revenu, il est important de souligner qu’un puissant réseau de la société civile, en mettant en avant le réseau des périphéries, s’articule et renforce les initiatives dans tout le pays, comme une forme de combat contre les impacts de la pandémie. Il faut, d’ailleurs, préciser l’importance qui émerge des territoires périphériques de tout le Brésil. La Fondation Tide Setubal accompagne ce mouvement, grâce à une nouvelle modalité de captations de ressources.

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En 2019, la Fondation Tide Setubal et la Bienfaisance ont lancé Matchfunding Enfrente, un éditorial collaboratif qui a pour objectif principal d’unir les personnes et les institutions pour co-financer des projets qui contribuent à faire face et à dépasser les conditions matérielles et subjectives qui stigmatisent et ségrèguent les périphéries urbaines brésiliennes, ainsi que les autres zones urbaines brésiliennes en contextes périphériques. Le match a lieu quand le public soutient le projet via la plateforme et le Fond Enfrente triplique la valeur de la collaboration. 

Cette initiative a également pu compter sur la collaboration de 8 institutions qui ont permis la création du fond collaboratif, ainsi que 10 institutions importantes des périphéries brésiliennes et 4 autres institutions alliées dans le partage et la mobilisation de faiseurs de périphéries, de groupes, de collectifs et d’institutions des périphéries pour inscrire dans l’éditorial les solutions pour leurs territoires. En tout, 740 initiatives de tout le pays se sont inscrites, mis à part dans l’état de l’Amapá, parmi lesquelles 265 ont été sélectionnées, avec des solutions de ces périphéries pour la durabilité de micro et de petites entreprises, des campagnes de prise de conscience à propos du nouveau coronavirus, le soin de la santé physique et mentale, la distribution de dons et de ressources. En tout, plus de 7 millions de réais ont été mis à disposition grâce au Matchfunding Enfrente, pour les périphéries du Brésil, via de dons provenants de tout le pays et de plus de 36 autres, mobilisés par 161 initiatives de distributions de dons, 23 campagnes de prise de conscience à propos du nouveau coronavirus, 18 initiatives de soin à la santé physique et mentale et, enfin, 63 initiatives de soutien à des entrepreneurs des périphéries dans le maintien de micro et petites entreprises.Plus de 7 millions de réais ont été mis à disposition grâce au Matchfunding Enfrente, pour les périphéries du Brésil, via de dons provenants de tout le pays et de plus de 36 autres, mobilisés par 161 initiatives de distributions de dons, 23 campagnes de prise de conscience à propos du nouveau coronavirus, 18 initiatives de soin à la santé physique et mentale et, enfin, 63 initiatives de soutien à des entrepreneurs des périphéries dans le maintien de micro et petites entreprises

Grâce à ce qui a été présenté au Matchfunding Enfente, les périphéries ont montré, via différentes initiatives, toute leur puissance, leur créativité, leur pouvoir d’organisation et de solidarité.

Cette puissance périphérique a émergé sous forme de partenariats entre les différents secteurs de la société pour la réalisation de campagne de collecte et de distribution de dons, qui englobe le don d’aliments, de kits d’hygiène et de nettoyage.

L’exemple de cette initiative montre une capacité d’articulation et de logistique, jusqu’alors méconnue de ceux qui ne vivent pas ou ne connaissent pas le pouvoir d’articulation dans les périphéries, principalement lors de situations de crise, comme celle dans laquelle on se trouve avec cette pandémie.

Je souligne les actions des réseaux de différents territoires qui ont apporté des kits d’alimentation de base, des repas, du gas et un revenu minimum d’aide à des milliers de femmes, de mères isolées et de familles dans les périphéries du Brésil.

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Redes da Maré avec le service de buffet à impact social Maré de Sabores, situé dans l’Ensemble de Favéla de Maré, à Rio de Janeiro, grâce à sa campagne « Saveurs et Soutiens : des Femmes dans la production de repas quotidiens pour les personnes en situation de rue à Maré » s’occupe de la réalisation et de la distribution d’au moins 200 repas par jour, environ 6 000 par mois, pour des personnes en situation de rue à Maré. L’action génère, également, du travail ainsi qu’un revenu fixe pour 20 femmes qui travaillent au Buffet Maré de Sabores et qui ont vu leur travail être interrompu à cause de la pandémie. Le travail est réalisé dans la cuisine industrielle de la Maison des Femmes de Maré, siège du projet « Maré de Sabores », qui propose une formation professionnelle en gastronomie à des femmes des 16 favélas de Maré, en visant à contribuer, sans ambiguïté, à l’autonomie financière des femmes de Maré. 

Redes da Maré avec le service de buffet à impact social Maré de Sabores, situé dans l’Ensemble de Favéla de Maré, à Rio de Janeiro, grâce à sa campagne « Saveurs et Soutiens : des Femmes dans la production de repas quotidiens pour les personnes en situation de rue à Maré » s’occupe de la réalisation et de la distribution d’au moins 200 repas par jour, environ 6 000 par mois, pour des personnes en situation de rue à Maré

Une autre action importante, sont les formes et les manières créatives de communiquer dans les périphéries.

Comme il n’y a pas de campagne de communication avec le langage des territoires, les périphéries cherchent des alternatives pour que les informations aient un effet d’ensemble sur les populations de ces territoires.

C’est à São Paulo qu’est né le podcast « Agência Mural em Quarentena », produit par des communicateurs liés à l’Agence de Journalisme Mural et qui sont un refuge dans cette marée d’informations divergentes. Dans l’Ensemble de Favélas de Maré, à Rio de Janeiro, encore une fois, est apparue la campagne « Comment se protéger du coronavirus ? », produite par l’Observatoire de Favélas.

Les deux campagnes donnent, avec créativité, des informations sur la prévention, la lutte contre les fake-news et les mesures du gouvernement par rapport à la pandémie, en utilisant un langage accessible à la population périphérique. 

Par rapport à l’économie locale et le maintien de micro et petites entreprises, les périphéries ont créé différents modèle de soutien à ces entrepreneurs, qui vont du développement direct (à fonds perdus) aux modalités avec un long temps de carence et des taux plus faibles que celles pratiquées sur le marché. Il y a également un ensemble d’initiatives qui a pour objectif de structurer les petites entreprises pour les faire migrer vers ce qu’on appelle les market places, en d’autres termes, les plateformes de ventes en ligne, étant donné que le monde entier a été introduit à l’utilisation des nouvelles technologie et aux outils internet. 

En plus des initiatives des périphéries, renforcées par le Matchfunding Enfrente, nous avons comme exemple de solutions pour le soutien aux entrepreneurs le « Fonds Éditodos » [une initiative de PretaHub / de l’Agence Solano Trindade / de l’AfroBusiness Brasil (SP) / du Vale do Dendê (BA) / de Fa.Vela (BH) / de Latinidades Afrolatinas (DF)] qui amène des ressources pour les entrepreneurs (formels ou informels) noires et noirs et fait circuler l’argent entre eux. Une autre initiative innovatrice pour le contexte actuel est le « Fond Volta Por Cima », [une alliance de la Banque Pérola avec l’ANIP - Articulation de Business d’Impact de la Périphérie, la Banca, la FGV EAESP - Centre d’Entrepreneuriat et de Nouveaux Business et Artemisia], qui vise à accorder des emprunts à taux zéro, comme une réponse directe à l’urgent défi des entrepreneurs d’impact qui agissent dans les périphéries, face à la crise imposée par la pandémie, pour qu’ils puissent se maintenir en activité, garantissant des emplois et de revenus. 

C’est à São Paulo qu’est né le podcast « Agência Mural em Quarentena », produit par des communicateurs liés à l’Agence de Journalisme Mural. Dans l’Ensemble de Favélas de Maré, à Rio de Janeiro, encore une fois, est apparue la campagne « Comment se protéger du coronavirus ? », produite par l’Observatoire de Favélas 

Nous savons que le défi est énorme et qu’il reste encore beaucoup à faire. Nous savons que l’ouverture pour la construction conjointe de solutions avec le gouvernements est bien souvent complexe et inexistante.

Cependant si la conjoncture actuelle exige des actions conjointes pour la création de politiques effectives pour les périphéries.

Et même, face aux adversités et à la négligence historiques des gouvernements, et de l’énorme défi que les inégalités sociales, raciales et territoriales imposent, les périphéries et les favélas, comme à d’autres moments sur ces territoires, continuent à être articulées, en innovant et en étant ouvertes à la construction collectives avec différents secteurs, présentant des chemins et des solutions à travers leur puissance, leur inventivité et leur intelligence périphérique pleine d’objectifs. 

Avec l’objectif d’aider au développement, de renforcer et de partager les solutions et tout ce pouvoir des périphéries, la Fondation Tide Setubal et la Bienfaisance ont lancé un nouvel éditorial du Matchfunding Enfrente. Différemment de la dernière campagne, dirigée vers les projets d’urgence de combat contre le nouveau coronavirus, cette nouvelle convocation est ouverte à des projets échelonnés et de longue durée, capables de régler des problèmes qui ont surgi ou qui se sont renforcés dans les périphéries, à cause de la pandémie. Jusqu’à 15 projets seront sélectionnés et participeront à un programme d’une durée de 3 ans, dans lequel une campagne annuelle de matchfunding sera réalisée pour l’application du projet. Ils recevront également l’accompagnement de l’exécution de la Fondation Tide Setubal.

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