littérature et poésie

periferias 6 | race, racisme, territoire et institutions

sélection poétique I

une chanson du peuple | #blacklivesmatter | pendant le sermon, le Pasteur dit que le noir est pour les enterrements | comment ils l’ont reçu | faire avec les attitudes | hors de Kibera 

Achieng Duro | Ayoola Goodness | Ndaba Sibanda | Gordon Anjili

| Kenya | Nigeria |

avril 2021

traduit par Déborah Spatz

Achieng Duro
une chanson du peuple

Petit bébé de goudron ne pleure pas
Ou les popos vont te faire dormir ce soir,
Et si tu pleures ou essaies de te battre,
Alors leurs griffes seront un peu plus serrées,
Et comme quand tu profites de la lumière,
Ils vont se rendre compte que tu avais des droits,
Donc mon petit bébé de goudron, s’il te plaît, ne pleure pas,
Pour que maman ait juste encore une nuit de plus.  

 

Ayoola Goodness
#blacklivesmatter 

Quand est-ce qu’un acte d’adoration
Est-il devenu une arme d’asphyxie ?

Chaque fois que mes genoux touchent le sol, je brûle
De chagrin: mon corps, une révolution solennelle

Ma respiration s’arrête. À la place de Dieu, mes yeux
Voient George, luttant pour respirer. 

Le silence éclate dansa bouche, mes os :
Des brindilles fragiles qui se brisent en dessous.

Je touche à nouveau l’âme de la solennité, le temps est orageux.

Je me détache d’un poids blanc

Chaque main me portant secours est celle d’un homme noir retenant
Son souffle en signe de protestation.
Criant « I can’t breathe ». 

 

pendant le sermon, le Pasteur dit que le noir est pour les enterrements

Lorsqu’il le dit, le ton est serré. Cicatrices.
Ma couleur de peau; sépulcres noir de jais levés comme la chair de poule.

Dans sa voix se tient une importunité stéréotypée.

Chaque mot, en pléthore, résonne, revient, torture
Chaque souffle de liberté pour respirer dans cette peau;

Ce que signifie être noir : accidentels, en artefact
Pour le tire instinctif,

Une peau de ténèbres, un linceul de ruins, 

Une envie de fleurs; ou du ciel nocturne parfait
Brodé d’étoiles ?

Au moment où nous nous levons pour chanter l’hymne, en chœur
Tous revêtu d’un noir harmonieux c’est l’Éveil Noir. 

Moi, l’organiste, mes doigts doucement
Frôlant les touches; les accords comptent se fondent, soutiennent
Tous les noms des vies noires perdues à cause de l’injustice raciale

Dans l’interlude, j’entends toutes les protestations. J’entends toutes les protestations

Au calme : 

Un homme noir abattu à plusieurs reprises par la police du Wisconsin,
Devant ses enfants hurlant, apparaît sur mon compte Facebook

Dans ma tête, un silence enorme et un chant funèbre résonne. 

 

Ndaba Sibanda
comment ils l’ont reçu 

Il se déplaçait de porte
À porte demandant au citoyens
De lui donner une forte voix
Pour qu’il devienne 
Le prochain
Premier ministre

Ils ont ri et l’ont regardé
Comme s’ils pensaient :
Voici un homme en mission
Pour compter le nombre de poils
Sur nos corps en une fraction de seconde ! 

 

faire avec les attitudes 

Un juge de tribunal a fait
Les remarques suivantes:

Une personne privilégiée devrait
Avoir un devoir et une conscience 

Qui diraient que nous ne pouvons pas être
Les bénéficiaires importés
Des déséquilibrés du passé

Parce que nous vivons dans le présent
Avec ses exigences d’équité et équitabilité

 

Gordon B. Anjili
hors de Kibera 

J’ai travaillé dur pour sauver,
Dieu sait à quel point j’ai travaillé dur,
Les temps étaient durs,
Sur cette terre libre d’impôts;
Mais j’ai économisé assez,
J’ai installé un stand,
J’ai vendu du poisson frais venant de notre lac. 

Quelques personnes ont acheté mon poisson,
Et beaucoup sont venues,
Et de plus en plus, 
Et mes enfants sont allés à l’école,
Et je suis sorti d’une cabane faite de murs de boue; 
Et je rêvais d’un jour quitter Kibera. 

Ensuite quelques personnes ont acheté mon poisson,
Et beaucoup ne sont pas venues;
Et de moins en moins
Et mes enfants ont quittés l’école,
Tels les fruits pas encore mûrs d’un arbre —
Le poisson de Chine n’était pas cher :
Partirai-je un jour de Kibera ? 

 

N.B :  Kibera est le plus grand bidonville d’Afrique de l’Est.


 

 

Achieng Nyar Duro | KENYA |

Achieng Nyar Duro, alias AND ou Duro, est une femme de lettres de Nairobi, au Kenya. Elle a pris son premier Bic pour faire de la calligraphie lorsqu’elle était adolescente, sa mère dirait qu’elle écrit depuis le moment où elle a goûté à l’espace terrestre. Maintenant, dans sa vie, elle utilise les mots écrits pour exprimer ce qu’elle voit, ce qu’elle respire et expérimente, et à travers la poésie, la compréhension spirituelle, les nouvelles et beaucoup plus encore. 

achiengdro@gmail.com 

@KuandikanaAndika

Goodness Olanrewaju Ayoola | Nigeria |

Poète et professeur d’anglais nigérian qui se tourne vers la poésie comme pour échapper aux disputes en lui et autour de lui. Sa poésie est apparue dans Glass, Dust Poetry, Pangolin Review, Oddball Magazine, Mobius, Ethel Zine et ailleurs. Il a été finaliste pour la récompense des Meilleurs du Net et auteur de Méditations (WRR, 2016). 

@GoodnessLanre

Sibanda | Nigeria |

Auteur de Notes, Themes, Things And Other Things, The Gushungo Way, Sleeping Rivers, Love O’clock, The Dead Must Be Sobbing, Football of Fools, Cutting-edge Cache, Of the Saliva and the Tongue, When Inspiration Sings In Silence, The Way Forward, Sometimes Seasons Come With Unseasonal Harvests, As If They Minded:The Loudness Of Whispers, This Cannot Be Happening :Speaking Truth To Power, The Dangers  Of Child Marriages:Billions Of Dollars Lost In Earnings And Human Capital, The Ndaba Jamela and Collections et Poetry Pharmacy. Le travail de Sibanda a reçu le prix Pushcart et ainsi que les nominations pour les Meilleurs du Net. Une partie de son travail a été traduit en Serbe. 

Gordon Anjilli | Kenia |

Vis a Njoro

gordonaywa@gmail.com

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