La maternité en prison
Expériences de mères anciennement privées de liberté à Valparaiso, au Chili et comment mettre en place des actions de réparation à partir des arts
Vania Gallardo López | Eva Lineros Vega
| Chile |
septembre 2022
traduit par Déborah Spatz
Cet article provient d’une action communautaire développée par le collectif Pájarx entre Púas, constitué par des femmes et des dissidentes, anciennement détenues, activistes et artistes. Nous nous réunissons, à partir de l’activisme féministe et de la recherche-action, pour remettre en questions les structures de (in)justice et de punition qui sont en place dans cette société ainsi que pour construire de nouvelles formes de se lier les uns aux autres, d’utiliser les arts avec nos corps individuels et collectifs, comme un outil de transformation des multiples formes d’exclusion et de violence dont nous sommes victimes en raison de notre genre, notre classe et notre apparence ethnique. Ainsi, nous travaillons pour transformer la douleur en mouvement et le mouvement en liberté.
Nous avons pour but de mettre en lumière les voix de nos camarades incarcérées et anciennement incarcérées sur notre territoire, en mettant l’accent sur nos expériences de maternité en prison. Nous savons que parler de prison dans une société mondialisée et capitaliste signifie lever le voile sur l’invisibilité historiques, des structures qui continuent à reproduire et à permettre la transgression des Droits Humains des personnes privées de liberté.
Nous vivons l’ère de la précarité de la vie, la crise systémique qui viole la dignité humaine et qui a un impact profond sur les corps des femmes privées de liberté, puisque, même si elles ne représentent que 7% de l’ensemble de la population carcérale de la planète, durant les dernières décennies, leur taux d’incarcération a augmenté de 53 % (Walmsely, 2018). Elles sont punies pour avoir survécu à la pauvreté, dans leur grande majorité, elles sont condamnées pour des crimes non-violents, liés à la drogue (40,8 %), aux vols qualifiés (22,4 %) ou simples (10,7 %) (GENCHI, 2019).
Nous prenons place dans une perspective militante et transféministe pour aborder le problème de la maternité en prison, à travers les témoignages de nos camarades — mères et personnes ayant des expériences de privation de liberté dans le Centre Pénitentiaire Féminin (CPF) de Valparaiso, entre 2015 et 2020. Ainsi, elles construisent un usage actif de leur mémoire individuelle et collective pour partager leurs expériences, mettant en évidence le fait que l’incarcération provoque une rupture du lien mère-enfant et par conséquent, une fragmentation des familles, des communautés et de tout un tissu social.
Ensuite, on recherche le lien d’actions réparatrices à partir des arts par le travail de reconstruction à partir des liens affectifs et communautaires à l’intérieur et hors de la prison. Il s’agit d’un modèle de travail que le Collectif Pájarx Entre Púas a développé dans la région de Valparaiso pour répondre à la problématique de la prison et de l’exclusion des femmes, de la dissidences, de la maternité et de l’enfance dans le contexte du confinement.
Les témoignages et travaux présentés dans cet article correspondent à des interviews, des conversations, des créations de collages et des interventions sonores réalisées à l’intérieur des prisons féminines par le collectifs. Ils correspondent à des espaces de dialogue et de création qui ont été développés conjointement à des processus d’accompagnement tournés vers la réparation personnelle et communautaire. De cette façon, on constate le consentement éclairé de chacune des voix dans cette histoire et nous nous positionnons contre toute forme d’extractivisme académique.
Les œuvres graphiques accompagnant cet article correspondent à des collages réalisés par les artistes María Paz Córdova Lagos et Marión Silva, un projet de Fondation et du Collectif Pájarx entre Púas, se basant sur l’œuvre “Líneas de Vuelo”, une intervention réalisée par B.A.S.E Tsonami Marzo, en 2021, à Valparaiso, au Chili, avec les artistes sonores Jasmina Al-Qaisi et Jimena Royo Letelier, qui révèle la réalité des femmes privées de liberté dans le centre pénitentiaire féminin de Valparaiso, au Chili.
Pour participer à cette expérience, nous invitons les lecteurs et les lectrices à scanner le Code QR suivant qui accompagne les pièces graphiques exposées dans l’article.
La maternité en prison : de l’intérieur et de l’extérieur
L’entrée en prison
D’après les données récentes, 90 % des femmes détenues au Chili sont mères de au moin un enfant (Larroulet, et al., 2021). De plus, elles sont cheffes de familles monoparentales, ce qui est directement lié aux raisons qui les poussent à commettre des délits, puisque bien souvent, elles sont le seul soutien économique et émotionnel de leur famille. Cela signifie que beaucoup d’entre elles se retrouvent dans l’obligation de se séparer de leurs enfants lorsqu’elles entrent en prison, tandis que d’autres entrent en prison en étant enceintes, et doivent donc purger leur peine avec leurs enfants jusqu’à ce que ceux-ci atteignent l’âge de deux ans, moment où ils sont séparés brutalement, sans l’accompagnement nécessaire.
C’est ce que nous raconte Patricia, qui a vécu l’incarcération en tant que mère, et plus tard, la séparation d’avec sa fille encore allaitée et également, la rupture de leurs liens : “presque à chaque fois, les mères qui commentent des crimes, le font pour les enfants, et c’est que j’ai fait parce que le père n’est pas présent, parce qu’il ne sauve personne.” (Paty, 54 ans, Valparaiso).
Beaucoup de femmes passent par différentes étapes dans l’exercice de leur maternité durant leur séjour en prison, mais, pour cet article, les deux processus sont caractérisés de façon séparée; d’abord, la maternité à l’intérieur de la prison et ensuite, l’expérience d’être mère à distance, à cause de la séparation forcée provoquée par l’incarcération de la mère. Ainsi, il sera possible de comprendre les différents processus qui constituent les expériences des femmes-mères privées de liberté.
“Lorsqu’on est incarcérées, on souffre énormément, Être privées de liberté entre quatre murs, ne pas voir le soleil, Être loin de la mer, de la pluie, C’est déjà une grande punition”. (Paty, 54 ans, Valparaiso)
La maternité en prison commence par le processus vital de la grossesse, affectée par les conditions structurelles de la prison, comme l’indiquent Restrepro et Francés (2016), qui sont construites selon une logique patriarcale de manque de respect de la vie. Dans les prisons féminines, il n’y a pas de garanti d’accès aux services vitaux d’hygiène et de santé, encore moins aux besoins particuliers de santé sexuelle et obstétrique nécessaires aux femmes en processus de gestation, d’accouchement ou de post-accouchement, comme nous le raconte Marisol : “Accoucher en prison est une expérience enchaînée dans laquelle les enfants naissent privés de liberté.” (45 ans, Viñ del Mar).
Pendant l’allaitement, beaucoup de mères et d’enfants sont bafoués — c’est dans leurs droits fondamentaux que se manifestent les mauvais traitements commis par la Gendarmería, le personnel de santé et les entités de Justice. À propos de cette violation qui s’étend aux enfants qui vivent dans la prison, les camarades nous racontent que : “ils sont comme nous, ils sont des nôtres, mêmes s’ils sont séparés de nous et ont leur petite maison, ils entendent et voient tout”. (Jessica, 47 ans, Viña del Mar).
L’espace où elles vivent avec les enfants n’est “que du ciment, des barreaux et des barbelés” (Jessica, 47 ans, Viña del Mar). De plus, il est important de considérer que les femmes exercent leur maternité 24 heures sur 24, sans se reposer de leur travail de soins, qui, en plus des conditions de vie et de loisirs précaires — tant pour quelles que pour leurs enfants, — finissent par détériorer leur santé physique et mentale.
À propos de ce dernier point, le système pénitentiaire ne respecte pas les protocoles, si bien que le Manuel des Droits Humains de la Fonction Pénitentiaire de Gendarmería établit que :
“En ce qui concerne “les femmes avec enfants au sein de l’Unité Carcérale”, les intérêts supérieurs de la mère et de l’enfant doivent prévaloir (…) Lorsqu’ils se trouveront avec leur mère, ils ne devront jamais être traités comme des détenus, et, le lieu physique dans lequel ils se trouvent, devra être séparé du reste de la population carcérale” (GENCHI, 2012:32).
La réalité met en lumière que parmi les 40 prisons qui accueillent des femmes, seulement 26 d’entre elles disposent de divisions mère-enfant, selon les données de la dernière étude sur les conditions carcérales (INDH, 2019). En plus de ce qui précède, les femmes incarcérées racontent qu’au sein de la prison, le soin médical est de mauvaise qualité et insuffisant, compensant ses lacunes par une surmédicalisation : “Lorsque je demande une heure avec une sage-femme, la seule chose qu’il y a, ce sont des agents de santé qui vont donner des comprimées à celles qui se sentent mal (…) Une fois, ils m’ont fait une injection, je ne sais pas ce qu’ils m’ont donné et ils m’ont envoyé à l’unité” (Jessica, 47 ans, Valparaiso).
Ainsi, on se rend compte que l’expérience de la maternité et de l’enfance en prison oscille entre l’importance et le droit qu’on, à la fois les mères et les enfant, de pouvoir créer un lien affectif et sûr et une constante violation de leurs droits humains en vivant dans un espace si hostile que la prison, obligeant beaucoup de mères à se séparer de leurs enfants avant l’âge définit par le loi (deux ans), ce qui affecte profondément leurs processus identitaires et affectifs à cause de la culpabilité et la stigmatisation que la privation de liberté féminine entraîne, puisqu’on doit se souvenir que le système pénal: “tente de perpétuer les modèles hégémoniques et hétérocentriques de la “bonne femme” et de la “bonne mère” (Gea Fernández, 2014, p. 217 et ss.; Francés et Restrepo, 2011).
La rupture du lien Mère-Enfant
“Je suis en prison mais Pourquoi mon enfant doit-il y être aussi ? Maintenant, j’ai pris la décision que ma sœur L’emmènerait et rentrerait [avec lui] à la maison”. (Paty, 54 ans, Valparaiso) La séparation d’avec leurs enfants — produit de l’incarcération — constitue un acte indélébile dans la vie des femmes : “Lorsqu’ils vous enlèvent un enfant, ils arrivent un jour pour vous dire que c’est aujourd’hui qu’ils le prennent et que le Sename arrive (…) au revoir, tu l’as vu pour la dernière fois et tu es retournée dans les chambres” (Marjorie, 32 ans, Valparaiso).
Malgré cela, la rupture de ce lien n’est pas à sens unique puisque les enfants — à leur sortie de prison — vivent également une interruption violente de leur croissance psycho-émotionnelle: “C’est un bébé qui n’a aucun idée de la raison pour laquelle, du jour au lendemain, il n’a plus vu sa maman.” (Paty, 54 ans, Valparaiso).
On retrouve cet impact dans le nouvel espace de socialisation et de soins dans lequel les enfants vont se développer, une fois séparés de leur mère de manière forcée. Les réalités sont très diverses, alors qu’un grand nombre d’enfants restent sous la garde du Service National des Mineurs (SENAME), où la plupart du temps, les droits fondamentaux sont bafoués, d’autres restent sous la gardes d’autres membres de la famille, d’autres femmes, bien souvent — ce qui met en lumière la reproduction féminine des soins — ce sont les tantes, les grands-mères, les voisines et bien souvent les filles, qui doivent prendre soin de leurs petits frères ou petites sœurs, ce qui reproduit le cycle de la violence, de l’inégalité et de la stigmatisation des femmes : on comprend donc comment la prison entre dans la vie de nombreuses femmes alors qu’elle sont encore mineures.
La rupture du lien touche également — même si de manière différente — les enfants de plus de deux ans. Dans ce cas, mères et enfants ne vivent pas au quotidien l’espace carcéral puisqu’ils sont immédiatement séparés, à cause de l’incarcération des mères, et leur unique possibilité de relation sont les visites réalisées dans les centre de détention. Malheureusement, étant donné les conditions précaires du système de visites des prisons au Chili, les liens familiaux sont profondément endommagés dans ce processus de rupture, ce qui affecte le violent processus de fouille pratiqué au Chili :
“Dans le cas des fouilles pratiquées sur des enfants et des adolescents ou adolescentes, on constante qu’elles sont encore réalisées de forme invasive dans divers établissement. Dans plus de la moitié des prisons inspectées, il s’agit de personnes privées de libertés qui mettent à nu des enfants ou des adolescents” (INDH,2019:306).
Cela a un grand impact puisque que, rien qu’en 2019, on a signalé la visite de 30 921 enfants ou adolescents dans les différentes prisons du pays (INDH, 2019). En ce qui concerne l’espace de dispute pour les visites, la même situation de violation des droits se répète, particulièrement dans le cas du Centre Pénitencier Féminin de Valparaiso, le secteur des visites se compose uniquement d’une cour sans toit et sans aucune protection, comme l’indique l’Institut des Droits Humains : “Dans ces lieux, il n’y a pas de chauffage ou un nombre suffisants de chaises et de tables pour les personnes privées de liberté et leurs visiteurs” (INDH, 2019:12).
Ainsi, les mères et les enfants ne partagent plus un espace intime tant qu’elles ne sont pas remises en liberté. Une situation qui peut durer des années lorsqu’on se rend compte que — dans ce système punitif dans lequel on emprisonne la misère — les peines sont toujours plus lourdes pour des délits non violents, comme évoqué précédemment, les femmes peuvent être condamnées à un, trois, dix ans, voir plus encore, sans être ou vivre avec leurs enfants, ce qui signifie une rupture profonde du lien affectif, puisqu’il y a une perte de l’accompagnement des étapes vitales du développement depuis la première enfance :
Ainsi, Patricia nous raconte :
“Lorsque j’ai été emprisonnée, les enfants étaient petits et quand je suis sortie, tous avaient des problèmes. Ils avaient subi des mauvais traitements. Et je me souviens qu’en prison, je pensais aux enfants, parce que je savais qu’ils n’allaient pas bien, j’étais extrêmement triste (…) Mon fils était le plus âgé, il avait 8 ans et quand je suis sortie, il était Punk. C’est donc un processus super fou, ils changent et ni moi, ni le père n’étions là, et puis ils nous rendent coupable de tout, et j’ai essayé de leur expliquer que je l’avais fait en pensais à eux” (Paty, 54 ans, Valparaiso).
C’est de cette façon que les obstacles sont mis en évidence, ainsi que les différentes subjectivités qui se construisent à partir de la maternité dans un contexte carcéral, de chacun des processus qui habite les femmes anciennement privées de liberté qui font partie de la Communauté Sorora de Pájarx Entre Púas.
III. Actions réparatrices à partir des Arts
Résistances de la communauté
À partir de nos expériences dans le développement d’actions culturelles et artistiques, tant dans les prisons pour femmes que dans les centres culturels, avec les communautés et les espaces publics, nous avons détecté ces violences systématiques et les inégalités structurelles qui se perpétuent en permanence dans la vie des femmes incarcérées, anciennement détenues et leurs familles, qui vivent directement les expériences d’injustices d’un système capitaliste, colonial et patriarcal, qui déconnecte et dépossède les gens de leurs communautés, désarticulant les familles, les quartiers et les organisations.
De cette expériences, nous avons pu identifier comment se manifeste la force du manque d’espaces artistiques et de participation culturelle dans les prisons chiliennes et les quartiers-territoires, puisque dans notre pays, les arts et les cultures ont été conçus comme des biens de consommations privés pour une population privilégiée et élitiste, et non comme un outil de développement et de transformation social et territorial.
Cette conceptualisation institutionnelle se constate à travers la ségrégation artistico-culturelle, ainsi que par l’absence de programmes et d’espaces qui ont un sentiment d’appartenance territorial et communautaire dans les différents territoires du Chili. C’est cette structure ségrégative des arts qui est exacerbée dans le contexte de privation de liberté, en plus de la stigmatisation et des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les femmes à la sortie de la prison, et rendant plus difficile l’accès et la participation social et culturelle.
En considérant que seulement dans la région de Valparaiso, 69 % des femmes privées de liberté n’ont pas obtenu leur diplôme de quatrième année (secondaire) et que 21 % d’entre elles n’a pas terminée le cycle primaire, on se rend compte de la situation critique et précaire à propos de l’accès aux arts, à la culture et à l’éducation dans les secteurs les plus pauvres du pays. C’est pour cela que développer des outils artistiques pédagogiques au sein des prison est un moyen de nous donner du pouvoir et de nous revendiquer en tant que sujets de droits, reconnaissant notre statut de genre, de classe et d’éthnicité (Hoecker, 2020).
Vivre dans les territoires et les espaces communs qui ont été ségrégués pour les femmes et les dissidences genre-sexe est une résistance constante au système capitaliste. Cela nous pousse à créer de façon collaborative une communauté Sorora à travers les outils artistiques et transformateurs qui réussissent à apporter de nouvelles possibilités pour construire des communautés plus emphatiques qui rendent leur dignité aux femmes, pour leur connaissances et leurs particularités.
Ains, nous avons pour objectif de déconstruire ce qui est socialement établi, nous invitant à sentir, penser et créer à partir du collectif pour établir des espaces sûrs de participation qui trouvent du sens pour toutes et tous et tissent un réseau qui renforce le tissu social artistiques et culturel des personnes considérées par la société patriarcale comme étant folles, déviantes, mal élevées et dissidentes.
Dans cette ligne, l’histoire d’une de nos consœurs artivistes, Paxi; qui est aussi la fille d’une femme anciennement détenue, prend tout son sens. Toutes deux dans leurs propres récits de vies rendent compte du processus de réparation du lien mère-fille par les outils artistiques, culturels et communautaires :
“C’est chouette de développer le domaine artistique, la connexion qui peut être faite entre la douleur, la réalité et mélanger cela à l’art et au mouvement, peut-être que certains peuvent penser qu’elles ne sont pas liées, mais elles le sont profondément” (Paxi, 26 ans, Valparaiso).
Il est important de comprendre comment, tout au long de l’histoire, nous avons été violée, explicitement et implicitement, des violences qui s’inscrivent dans notre corporalité, modifiant les modes de relations et niant le droit de décider de notre corps, des violences qui se reproduisent derrière les murs des prisons, puisque l’institution carcérale enferme et maltraite, causant de profondes blessures psychologiques, sociales, culturelles, etc.
Des blessures qui vont au de-là de ces murs et qui affectent également les familles, principalement les enfants, puisque depuis le plus jeune âge, ils sont liés à la prison, éprouvant des besoins et des inégalités qui affectent leur développement. Ce qui se manifeste par des violences psychologiques, sexuelles, économiques, institutionnelles, entre autres. D’autres se manifestent par leur état de santé mentale, l’abandon scolaire, des liens affectifs peu sûrs, en plus d’un participation artistique et culturelle quelle, qui affecte par conséquent tout le système familiale :
“Ma mère est sortie de prison et on ne lui a pas donné de travail, c’était un cycle de violence qui ne s’arrêtait jamais… Elle nous a récupéré, mon frère et moi, mais elle a dû recommencer à voler dans les supermarchés, alors elle retournait en prison et nous perdait… C’était comme ça, jusque’à ce que nous devenions majeurs.” (Paxi, 26 ans, Valparaiso).
Pour nous toutes, le bien-être et la protection signifient rester ensemble dans l’action et la collectivité à travers les arts car c’est un langage commun et intersectionnel capable d’unir les expériences des diverses identités qui nous traversent. Comme l’a exprimé l’une de nos camardes de la communauté de Sorora :
“La connaissance que le groupe a apportée est positive pour la vie de ma mère et de toutes ses camarades incarcérées. Apprendre à se connaître, danser, se sentir libre, bouger, elles n’avaient sans doute jamais eu cette opportunité (…) Les personnes peuvent penser qu’il s’agit juste de bouger, mais ce n’est pas juste bouger, ça va plus loin, quelque chose à l’intérieur bouge, c’est quelque chose d’introspectif et de positif pour elles toutes.” (Paxi, 26 ans, Valparaiso).
Comme l’affirme Paxi, il ne s’agit pas seulement de bouger son corps, mais de lever les stigmates et la violences pour briser les barreaux des multiples barrières qu’imposent le fait d’être femme, mère et détenue.
Construction du Projet Nido
Le Projet Nido est né de la nécessité de renforcer les liens mère-enfants et de briser les barreaux de la prison pendant la phase d’éducation dans un contexte carcéral, à travers les arts. Le projet envisage des espaces de développement d’expériences significatives, ayant les arts et la cultures comme outils de création de liens, de confinement et de réparation des relations affectives et significatives dans le développement de l’enfance. Ils favorisent un attachement sécurisant et un lien familial stable, avec l’équipement et les soins nécessaire pour une expérience positive, tant pour la mère que pour les enfants.
Au cours de l’année 2021, une recherche-action a été menée, avec une méthodologie participative, à partir de laquelle les principaux besoins et suggestions sont nés des expériences de vie des femmes mères qui sont détenues et aussi par la recherche d’organisations et/ou d’institutions aux expériences similaires autour du monde, où l’on ne trouve des expériences de ce type qu’en Europe ou en Amérique latine, démontrant encore une fois le manque significatif du système carcéral dans notre région.
Nous avons contacté les différentes organisations européens qui ont mis en pratique un travail, avec plus de 20 années d’expérience dans la sauvegarde d’espaces sûrs pour la rencontre et la réunion des mères et de leurs enfants, c’est pourquoi des entretiens semi-structurés ont été réalisés avec des organisations qui travaillent dans un contexte carcéral de façon permanente et intégrale pour la construction de liens entre les mères, les pères et leurs enfants, à travers les arts. Ils font partie du réseau “Children of Prisoners Europe” : Bambinisenzasbarre (Italie), Relais Enfants Parents (France, Belgique et Suisse) et For Fangers Parorende (Norvège), en identifiant leurs bonnes pratiques et la bonne gestion du travail intégral, un travail continu et qui relie, à travers les arts, les parents en situation de confinement et leurs enfants.
Durant cette première étape du Projet Nido, l’atelier “¡Escribe, Cuenta y Vuela!” [Écrit, Compte et Vole !] a été réalisé, dans le centre Pénitencier Féminin de Valparaiso. Il avait pour objectif de créer un espace sûr et de qualité pour que les camarades incarcérées créent des histoires pour enfants tournées vers leurs enfants. À travers ces histoires, elles ont pu exprimer - en utilisant l’écriture et la narration - les différents contextes et histoires de vies qui les avaient menées à être privées de liberté et ainsi, séparées de leurs enfants.
Grâce à la réalisation de cet atelier, il a été possible d’aborder les dimensions affectives, sociales et culturelles qui impliquent la rupture du lien mère-enfants, en plus de construire de nouveaux traitements et des liens sûrs durant l’exercice de la maternité dans un contexte pénitencier. Ainsi, nous pouvons expliquer la manière dont les arts renforcent les émotions et la subjectivité de ces femmes qui sont structurellement invisibilisées et violentées par la société punitive et patriarcale.
A partir des expériences obtenues durant la période de recherche-action, en 2022, nous avons commencé à réaliser des “Rencontre Significatives NIDO” entre les mères privées de liberté et leurs enfants, dans le Parc Culturel de Valparaiso Ex-Cárcel, une action pionnière et unique au Chili, par le collectif et la Fondation Pájarx entre Púas. Considérant trois dates commémoratives nationales : la fête des mères, la fêtes des enfants et Noël. Ces fêtes ont une signification sensible et ainsi, ce sont des jalons importants de contact pour les mères set leurs enfants, réalisées dans un environnement de mémoire protégé, avec un objectif préparatoire et communautaire.
Les journées NIDO se concentrent sur les activités culturelles et communautaires, spécialement préparées pour les rencontres de soutien au renforcement des liens, les Collectif étant chargé du transfert des femmes du centre de détention (C.E.T : Centre d’Études et de Travail, la Pólvora, Valparaiso), ainsi que de la sécurité, le programme et le soin de chacune de ces rencontres.
Il est important d’évoquer le fait que la collaboration et l’utilisation active des espace fournis par le Parc Culturel de Valparaiso Ex-Cárcel, centre culturel de la région avec le développement d’une alliance qui se reflète dans le Programme Vuelo de Pájares, qui a pour objectif de créer les liens entre les centres culturels et les prisons féminines de la région V, en ayant pour but principal le fait que les réunions intègrent ce lien dans leurs programmes et dans leurs lignes éditoriales pour rendre possible la reconnaissance des personnes privées de liberté, comme des sujets de droits culturels.
De façon parallèle et en lien avec les rencontres importantes, nous avons construit un espace d’atelier permanent avec une approche réparatrice à travers la création personnelle et collective, avec les femmes qui ont participé à ces rencontres dans le Parc Culturel de Valparaiso Ex-Cárcel. Cet espace a pour objectif de démoraliser les violences de genres associées au fait d’être mère, d’interroger sur les expériences et les constructions de la maternité et de soutenir les diverses habilités maternelles, montrant un travail de chacun à partir de son expériences parentale avec ses enfants. De même, la permanence et la continuité qui s’établissent avec les femmes privées de liberté qui participent à ces projets ont toujours pour objectif de développer les liens affectifs sûrs entre toutes les camarades qui font partie de cette Communauté Sorora.
IV. Réflexions finales
À travers ces pages, nous cherchons à mettre en lumière la problématique de la prison et la manière dont elle affecte les vies des femmes privées de liberté, principalement dans la maternité et la construction de liens familiaux avec leurs filles, leurs fils, leurs adolescentes et leurs adolescents, qui construisent leur socialisation dans le contexte de l’enfermement carcéral.
En tant que collectif et Fondation, nous appelons à la compréhension systématique de la prison afin que la société soit consciente de la manière dont se forme un espace qui construit la violence et qui réprime les différences, un espace de contrôle et de punition qui affecte toutes et tous. Il s’agit d’une structure de punitivité qui contrôle ce qui est bien et ce qui est mal, selon les canons hégémoniques et patriarcaux qui menacent la vie elle-même, les femmes, les dissidents, les populations autochtones et les migrants, et contre toutes celles et tous ceux qui sont marginalisés par le contrat social néolibéral. Des espaces de réclusion qui causent tant de mal en fragmentant les liens communautaires qui sont à la base de la reproduction de la vie digne, de la vie en famille, des quartiers et des territoires.
Bien que cet article soit basé sur le sauvetage d’une mémoire unique située à Valparaiso au Chili, avec un groupe de femmes anciennement détenues, appartenant à notre communauté, nous savons que ces expériences résonnent dans la vie de milliers de femmes, de personnes enceintes et d’enfants de tout le continent latino-américain, ceux qui sont passés par la prison et avec un accent plus important mis sur les personnes qui sont encore enfermées, derrière les barreaux de prison.
Nous lançons un appel activiste et transféministe latino-américain pour que nous construisions ensemble des alternatives à l’incarcération massive dont nous sommes les témoins actuellement. Des alternatives soutenues par la communauté, utilisant les arts et les cultures comme outils qui rendent d’autres mondes possibles, comme l’a dit Angela Davis dans son ouvrage “La prison est-elle obsolète ?” :
“Une approche abolitionniste qui cherche à répondre à de telles questions, nous obligerait à imaginer une constellation de stratégies et d’institutions alternatives, afin de sortir la prison des paysages sociaux et des idéologies de notre société. En d’autres termes, nous ne chercherions pas des substitus de type carcéral à la prison, comme l’assignation à résidence sécurisée avec des bracelets électroniques.
Au contraire, en considérant la désincarcération comme notre stratégie générale, nous essayerions d’envisager un ensemble d’alternatives à l’incarcération : la démilitarisation des écoles, la revitalisation de l’éducation à tous les niveaux, un système de santé qui fournit des soins physiques et mentaux gratuits pour toute et toutes et un système de justice basé sur la réparation et la réconciliation, au lieu de la punition et de la vengeance”. (2003:126)
Ci-dessous, nous vous présentons un échantillon du travail réalisé par nos camarades privées de liberté à la CPF de Valparaiso, durant l’atelier “¡Escribe, Cuenta y Vuela!”.
(Projet Nido - Fondation et Collectif Pájarx entre Púas - 2021)
Réalisé par l’actrice, narratrice et réalisatrice Gabriela Fernández Chang, la Titulaire d'un diplôme de Master en éducation et artiste scénique Myr Chávez et la Psychologue Vania Gallardo.
ESTRELLA ET LES CHÈVRES
De Vanessa
Il y a bien longtemps, dans un endroit pas si distant, une belle petite fille est née, c’était une enfant aux yeux couleur caramel, au regard agité, comme si elle voulait tout savoir en même temps, sa mère l’appela Estrella [Étoile], justement parce que ses yeux brillait de manière vive. Le travail de sa mère était de vendre des petites chèvres, à cet endroit et, à l’époque, les petites chèvres n’étaient pas bien vues parce que quand quelqu’un en goûtait un peu, il ne pouvait s’empêcher d’en vouloir plus, et quand les personnes n’en avaient plus, ils étaient capables de tout et même de transformer les personnes en créatures indescriptibles.
Lorsqu’Estrella eut 10 ans, elle eut son premier amour, un amour si fort, comme le sont les premiers amours, qui vous aveugle et vous fait voir ce qui est beau, noble et parfait. Ce qu’Estrella ne savait pas, c’était que ce garçon était fou des petites chèvres. Au début, il était affectueux, mais plus tard, il devint un monstre qui la piégea et la força à manger des petites chèvres. Il l’envoya dans la rue pour chercher de l’argent pour acheter de plus en plus de petites chèvres. Malheur à Estrella si elle ne revenait pas avec l’argent ! Le monstre faisait des choses que ne font que les monstres, des choses monstrueuses. La lumière d’Estrella s’était éteinte, elle ne se reconnaissait plus, elle ne pouvait plus vivre sans ces petites chèvres.
À l’âge de 16 ans, un garçon arriva, il se battit pour elle, la libéra du monstre, fut son nouvel amour, il planta une petite graine et la vie commença à grandit. Ils eurent un beau garçon. Aujourd’hui, c’est un homme dont Estrella est fière, il dût apprendre à se débrouiller seul car le pouvoir des petites chèvres est si grand qu’Estrella ne réussit pas à se débarrasser facilement d’elles.
Une nuit, alors qu’elle était en train de manger des chèvres et il n’y en avait plus, elle voulut en acheter plus, mais elle n’avait pas d’argent, elle sortit donc pour en chercher. C’était comme si Estrella était plongée dans l’obscurité, elle n’avait pas de volonté propre, elle était guidée par le pouvoir des chèvres qui la mena devant une maison, la maison idéale dans laquelle elle pourrait trouver ce dont elle avait tant besoin.
La maison était un coffre fort, Estrella ne vit pas cela, elle était possédée, ainsi, elle réussit à passer entre les barreaux. Elle était maigre comme une planche et passa par le milieu, elle fut très surprise quand les propriétaires des lieux la trouvèrent. Ils ne connaissait pas l’histoire d’Estrella, ne savaient pas qu’elle était aussi surprise qu’eux. Ils l’emmenèrent et la maltraitèrent sévèrement. Ils appelèrent les services de l’ordre et avec cette force extrême, l’enfermèrent derrière les barreaux, et malgré sa minceur, aussi fine qu’une planche, elle ne put s’échapper. Estrella y est toujours, avec d’autres femmes condamnées par le système, les chèvres sont devenues les personnages de l’histoire, un conte presque terrifiant, mais heureusement, la lumière brille à nouveau, peu à peu, parfois fort, parfois elle s’éteint un peu, mais elle brille tous les jours. Elle pense à son fils, elle pense à sa nouvelle vie, comme lorsqu’elle vint au monde, avec ses yeux couleur caramel, en espérant pouvoir tout savoir et brilles, briller, briller.
LE JARDIN DES MERVEILLES
De Jocelyn
Il était une fois, dans grand et beau jardin, une merveilleuse fleur appelée Maravilla, qui vivait heureuse et entourée de beaucoup d’amour. Depuis que Maravilla était petite, les jardiniers lui avaient donné beaucoup d’amour et de soins.
Maravilla grandit, grandit, jusqu’à devenir une belle fleur adolescente. Un jour, un jeune Tournesol apparut dans le jardin. Il tomba amoureux de Maravilla, et comme dans toutes les histoires, parfois les choses se passent très vite, Maravilla et Tournesol eurent de belles tulipes.
La famille vécut dans le même jardin durant de nombreuses années, Maravilla était jeune lorsqu’elle avait décidé de vivre avec Tournesol, et avec le temps, elle commençait à connaître la vraie personnalité de son compagnon.
Tournesol était très gentil quand il le voulait, mais si quelque chose le contrariait, des épines sortaient de lui, il se transformait en cactus et blessait tout le monde autour de lui, surtout Maravilla.
Parfois, il y avait des jours où le soleil apparaissait et Maravilla se sentait bien, d’autres fois, il y avait des jours de pluie pendant lesquels il se transformait en cactus. Ces jours-là, elle ne s’en souvenait pas très bien.
Un jour de pluie, tout se termina et Maravilla redevint elle-même, elle sortit Tournesol de sa vie. Mais au fil du temps, un ogre apparut dans le jardin et l’empoisonnât avec des pesticides. Maravilla commença à faner petit à petit, elle commença a perdre la notion de ce qui se passait et ne réalisait ni ce qui lui arrivait, ni ce qui arrivait au jardin.
Elle ne voyait plus le jardin comme avant, et l’un de ces jours, Tournesol apparut à nouveau, avec son esprit de cactus, ce qui dérangea beaucoup notre Fleur et ils commencèrent à se disputer. À ce moment-là, un chat, griffes ouvertes apparut et Maravilla bondit sur le chat pour l’attaquer.
Le jardinier prit Maravilla et l’emmena dans une serre, elle s’y sentit très seule et enfermée. Autour d’elle, tout était inconnu, elle se sentait si loin de son beau jardin.
Après quelques temps, Maravilla retourna chez elle, mais malheureusement, elle rencontra à nouveau l’ogre qui l’avait aspergée de pesticides et ne pût respecter les règles qui lui avaient était données pour qu’elle puisse rester en liberté. Ils l’emmenèrent à nouveau dans la serre, mais celle-ci était différente, elle se trouvait la grande ville. Cinq ans et un jour dans cet endroit, cela doit être terrible.
Maravilla est dans cette immense serre depuis 22 mois, loin de ses tulipes bien-aimées, et elle se bât chaque jour dans l’espoir de retrouver ses enfants adorés.
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Vania Gallardo López | Chile |
Psychologue Féministe — Coordinatrice du département psychosocial de la Fondation et du Collectif Pájarx entre Púas
Eva Lineros Vega | Chile |
Diplômée en Anthropologie Sociale — Équipe d’investigation et action de la Fondation et du Collectif Pájarx entre Púas
Pajarx Entre Puas | CHILE |
Nous sommes une Fondation et Collective Transdisciplinaire - Féministe qui travaille de la Pédagogie, du Corps, de l’Art et de la Mémoire. Notre objectif principal est de construire une communauté sorora de femmes et de dissidentes, de personnes emprisonnées, libérées et d’artistes féministes, qui permette de créer des réseaux de confinement et de création pour subvertir et imaginer un monde sans prisons.